L’entrepreneuriat peut être à la fois très tentant et très effrayant en tant que femme. Sandrine, experte intervenante du programme WomenLab, nous partage son expérience de femme entrepreneure et ses recommandations de coach.

Passée de l’université aux fourneaux de son café-restaurant zéro-déchet, Sandrine a créé son job de rêve en association avec sa meilleure amie. Entreprendre dans un secteur majoritairement masculin, cela n’a pas effrayé ce duo de choc !

Après 6 ans d’activité, c’est toute une équipe qui y travaille dans la bonne humeur. En parallèle, cette entrepreneuse pleine de peps accompagne celles et ceux qui souhaitent créer leur business et notamment les femmes en réorientation professionnelle, à travers le programme WomenLab. Découvrez son parcours et ses conseils d’experte.

Bonjour Sandrine ! Quel a été ton parcours jusqu’à l’entrepreneuriat ?

En réalité, j’ai entrepris juste après l’université. J’y ai étudié les sciences économiques et la gestion du tourisme. Avec ma meilleure amie, on rêvait depuis toujours d’ouvrir notre café. Elle ne se plaisait pas dans ses études de droit et, de mon côté, je ne savais pas vers quel job me tourner. Donc on a pensé que c’était le bon moment pour entreprendre : « on est jeunes, on a de l’énergie et du temps à consacrer au projet ! »
D’abord, on a consacré une année à bosser dans des cafés et restaurants, et en parallèle, on a suivi des cours du soir. Je crois qu’on ressentait un peu de pression de la part de nos parents et on voulait leur montrer qu’il ne s’agissait pas de glander, étant donné qu’ils avaient des attentes assez hautes pour nous après nos 5 ans d’études chacune. On s’est dit « OK, on se donne un an pour le faire ». Après ça, on a flashé sur un local, ça collait bien avec les proprios alors on s’est lancées : on a ouvert le 17 décembre 2017, ça fait bientôt 6 ans !

En tant qu’entrepreneuse, est-ce que tu identifies certains défis auxquels les femmes font souvent face en s’engageant dans cette voie ?

Concernant mon entreprise, j’identifie d’abord certains défis déjà inhérents au secteur HORECA qui est très masculin. Ensuite, il y a un peu ce syndrome de l’imposteur qui arrive quand tu vas en cours avec des gars qui sont profs depuis des années parce qu’ils ont 4 restaurants depuis qu’ils ont 16 ans.

Après, il y a aussi des difficultés inhérentes au statut d’indépendante. Je n’y ai pas été confrontée mais si j’avais été enceinte ou j’avais des enfants, je crois que ça aurait été plus compliqué et je pense qu’aujourd’hui c’est peut-être une des choses qui me ferait me remettre en question : et si j’ai envie d’avoir des enfants, comment m’organiser ? Une chose est sûre : avoir un restaurant, c’est fatigant et il faudra planifier des solutions pour tout mener de front.

Sinon un autre défi, c’est la crédibilité. Parce qu’en tant que femme, t’es pas un mec de 35 ans qui sort d’une école de commerce. La femme, dans notre société, elle n’est pas vue comme une fonceuse qui y va sans avoir peur. Être indépendante, ouvrir son restaurant, ça demande du courage, beaucoup de force et d’heures de travail. Ce sont plus des compétences et des qualités qui sont associées à l’homme. Les gens ont tendance à penser que les femmes sont plus émotives, on nous a posé beaucoup de questions par rapport à ça, nos profs de cuisine l’ont fait par exemple. Mais en fait on va très bien ! C’est ancré dans l’imaginaire mais ce n’est pas toujours la réalité.

Quelles compétences et aptitudes t’ont été les plus utiles pendant ton parcours ?

Des qualités qu’on a en commun avec mon associée et qui nous ont énormément aidées, c’est l’écoute et l’empathie. On se remet aussi facilement en question et on communique beaucoup. On s’est toujours dit les choses avant que ça ne dérape quand il y avait des petits malaises et donc en 6 ans, on ne s’est jamais disputées alors qu’on entend très souvent des histoires d’entreprises qui marchent super bien, mais qui ne durent pas car les fondateurs ne s’entendent plus. Et oui, souvent, ce sont des hommes et des histoires d’ego !

Concernant l’écoute, c’est important vis-à-vis de nos employés. On a réussi à créer un système de travail qui n’est pas hiérarchique, qui est plutôt horizontal. L’ambiance de travail est super chouette et on peut dire qu’on travail entre amis ! Je pense que c’est ma plus grande fierté. Et aussi être à l’écoute des clients, de ce qu’ils veulent en venant chez nous.

Une dernière qualité qui m’a beaucoup aidée, c’est la persévérance. Quand j’ai une nouvelle idée, parfois ça peut m’amener à travailler toute la nuit dessus ! Je pense vraiment qu’il faut être persévérante quand on est indépendante : si on sent que ce qu’on fait est une bonne chose, il faut persévérer et y aller.

Selon toi, que peut apporter l’entrepreneuriat aux femmes qui souhaitent se réorienter professionnellement ?

D’abord, une grande confiance en toi ! Je pense qu’en tant que femme, t’as souvent ce truc qu’on appelle le syndrome de l’imposteur : tu as peur de te lancer, tu ne te sens pas légitime dans ton domaine et c’est quelque chose que les hommes ont vraiment beaucoup moins.

Et non, t’es pas obligée d’avoir fait des longues études de cuisine pour concrétiser ton projet HORECA. Et c’est pareil pour n’importe quel métier : que tu veuilles être dans le coaching, dans le tricot ou que sais-je ! Si tu te formes, si tu as une expérience, si tu sens que tu sais le faire et si tu as des retours positifs, que tu es à l’écoute de tes clients, pourquoi ne pourrais-tu pas en faire ton métier ?

Je pense que quand tu réussis à franchir le cap de créer ta boîte et d’avoir ton premier client et qu’il est satisfait, ça donne vraiment confiance en soi. C’est une tout autre confiance de savoir que c’est pas ton patron qui t’as félicitée, c’est vraiment toi qui as créé quelque chose.  Tu crées ton travail, tu crées ton salaire et parfois même le salaire d’autres gens. C’est hyper valorisant !

Que dirais-tu aux femmes qui hésitent à se lancer dans cette aventure et à créer leur propre business ?

Je peux entendre que y ait des femmes qui aient vraiment peur : quand tu as déjà des charges, des enfants, c’est plus compliqué. Donc moi mon conseil, c’est que quand tu crées ta boîte, tu n’es pas obligée tout de suite de faire un prêt de 100.000 € à la banque, c’est vraiment possible d’agir petit à petit pour atteindre son objectif.

C’est certain que pour le restaurant, tu ne peux pas l’ouvrir un jour par semaine pour commencer mais tu n’es pas obligée d’avoir 200 m² avec un gros prêt. Tu peux commencer beaucoup plus simplement ! Je dirais à ces femmes qu’on trouvera toujours un moyen pour mener à bien leur projet. C’est pour ça que c’est important de se faire accompagner et de bénéficier de l’expériences d’expert·e·s et d’autres entrepreneuses.

Notre programme d’accompagnement WomenLab, dans lequel tu interviens comme experte, est justement conçu pour accompagner les femmes de plus de 30 ans qui souhaitent se réorienter professionnellement ? En quoi ce programme peut les aider concrètement ?

Après avoir rencontré trois postulantes, mon constat est qu’il y a beaucoup de choses que tu n’apprends pas à l’école, même en gestion. Par exemple, j’ai fait économie et gestion mais je n’ai pas appris comment faire un business plan ? Comment faire un plan financier ? Et c’est ça qui fait souvent hyper peur.

Pendant le programme, on démystifie complètement le plan financier et en fait tu te rends compte que ce sont juste des données à rentrer dans un fichier Excel qui te disent combien tu vas devoir vendre pour être rentable.

Ces femmes peuvent ressortir avec des connaissances plus théoriques sur ces thématiques et également les mettre en pratique.

Faire partie d’un incubateur avec d’autres participantes, ça oblige à repenser ton projet à chaque atelier. Elles ressortent donc avec un projet plus abouti, plus travaillé, qu’elles auront eu l’opportunité de repenser grâce aux outils proposés.

Et enfin, le partage avec d’autres entrepreneuses permet de gagner en confiance : tu t’appropries ton projet et tu réussis à chaque fois à mieux en parler, à trouver des termes adéquats, plus précis. Au bout de 10 semaines d’incubation, tu fais confiance à ce projet et tu te sens bien mieux préparée pour te lancer !

Vous souhaitez vous réorienter et entreprendre ? Découvrez l’incubateur pour les femmes qui ont un projet entrepreneurial.

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