Les points communs de ces 3 entreprises ? Elles connaissent toutes un franc succès et ont toutes été créées par des femmes. Aujourd’hui, elles ont rejoint le WomenLab pour aider d’autres femmes entrepreneuses. Découvrez Marie, Estelle et Virginie qui témoignent sur leur parcours entrepreneurial.

Estelle Parewyck

Bonjour à toutes, parlez-nous un peu de vous et de votre projet entrepreneurial

Estelle : Je suis une femme de 30 ans.  Je ne pourrais pas me présenter sans dire que je suis maman de 2 petits garçons. Je suis passionnée d’image depuis toujours. J’ai étudié la photo et, à 21 ans, je me suis lancée en tant qu’indépendante dans la photographie.

Virginie : Moi j’ai 38 ans, je suis maman, et j’ai co-fondé Mieu Concept Store avec mon mari. On vend du mobilier, de la déco et des objets du quotidien fabriqués exclusivement en Europe. Notre objectif c’est de rendre les intérieurs aussi confortables que responsables.

Marie : Et bien moi, je suis maman solo. J’ai travaillé 6 ans dans l’import-export (j’ai détesté !), et puis j’ai eu une grosse crise d’éco-anxiété pendant que j’étais enceinte de mon fils. Je me suis rendu compte que l’avenir n’était pas très heureux pour leur génération et qu’il fallait agir. Donc j’ai quitté mon boulot et j’ai décidé de lancer L’Empoteuse, qui a pour objectif d’offrir une solution structurelle pour les emballages alimentaires. Je fournis des contenants alimentaires réutilisables et consignés aux commerces alimentaires.

Comment s’est passée votre phase de lancement ?

Virginie : A l’époque j’étais juriste au tribunal. J’ai démissionné pour lancer Mieu avec mon mari. Je me suis tout de suite inscrite à la Banque Carrefour des Entreprises. On a d’abord lancé l’e-shop, puis on a fonctionné avec des pop-up stores. Ce qui a vraiment lancé le business, c’est notre participation à l’Auberge Espagnole, un programme de Hub qui permet de tester son magasin à moindre coût et à moindre risque. On a ouvert notre propre boutique suite à ce test. Mon mari a cherché un autre boulot à côté et moi je me suis investie full time dans le projet.

Estelle : Moi j’étais encore aux études quand j’ai créé mon entreprise. Je n’avais pas encore beaucoup de responsabilités à assumer même si c’est toujours un risque de se lancer dans le milieu artistique. Mes parents étaient derrière moi et me poussaient à faire les choses à fond. Ils m’ont transmis ce mindset-là et ça a fonctionné ! Tout s’est un peu accéléré après mes premières expos et j’ai pu ensuite investir de l’argent dans mon projet.

J’ai été très tôt sur les réseaux car j’ai vite compris que c’était important pour me faire grandir. Les réseaux, c’est ma prospection. J’y ai mélangé un peu de ma vie privée, c’était un risque mais je pense que l’humanisation d’un projet est importante.

Marie : Pour ma part j’ai démarré à mi-temps en tant qu’indépendante – l’autre partie du temps j’étais salariée pour une entrepreneuse qui fabriquait des couches lavables – et j’ai lancé L’Empoteuse en plein covid ! Donc j’ai très vite eu des clients Horeca qui cherchaient des solutions pour livrer leurs menus de manière responsable. C’était pas évident de répondre à la demande, d’autant plus que les banques ont refusé de m’octroyer un crédit pendant toute ma première année. J’ai donc dû m’organiser avec les 300€ que j’avais en poche.

Par la suite, les différentes crises ont malheureusement eu raison de beaucoup de mes clients Horeca, et pourtant mon projet s’est maintenu. Il a évolué et j’ai désormais des demandes de plus grande envergure et des partenariats plus solides, notamment avec les communes bruxelloises.

Marie Jemine de l’Empoteuse

Quels challenges avez-vous rencontré dans votre parcours de femme entrepreneure ?

Marie : Il y en a eu plusieurs. D’abord, trouver des financements pour démarrer mon projet. Je constate qu’en tant que femme, c’est plus compliqué d’obtenir la confiance des banques. Du coup je me suis débrouillée ! J’ai utilisé les chèques-entreprises en Wallonie pour financer la création de ma communication, pour obtenir des conseils comptables, par exemple.

Ca a aussi été difficile de garder la tête hors de l’eau quand beaucoup de clients fermaient leurs portes. Je suis venue chez Groupe One a ce moment-là pour demander l’avis d’une coach. Elle m’a suggéré de faire de la consultance pour stabiliser mon revenu. C’est comme ça que j’ai atterri dans des projets plus importants avec les pouvoirs publiques.

Virginie : Pour ma part, je vois le fait d’être une femme comme une force. J’ai le sentiment que les entreprises portées par des femmes ont plus de sens et de valeurs au regard de la société. Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas d’hommes qui portent de tels projets mais toutes les entrepreneuses que j’ai rencontrées ont toujours de belles valeurs et un projet à impact positif.

En revanche, pour la naissance de mon deuxième enfant qui est arrivée pendant la période de lancement, je n’ai pas vraiment eu de congé maternité et avec du recul, je l’ai assez mal vécu. Pour mon troisième, j’ai engagé notre première employée pour pouvoir me consacrer à mon bébé. Et j’avoue ne pas comprendre pourquoi, à l’heure actuelle, il y a encore une différence entre les salariées et les indépendantes sur cet aspect-là. On a besoin du même temps pour accueillir un enfant, peu importe son statut professionnel.

Estelle : Pour moi aussi la maternité constitue le plus gros challenge. J’avais 25 ans quand je suis devenue maman et je me suis arrêtée de travailler pendant 3, 4 mois au risque de me faire « oublier ». Aussi, quand un enfant est malade par exemple, il faut déplacer les rendez-vous.

Ça m’amène à un autre challenge : c’est compliqué d’être absente ou malade soi-même, parce dans mon cas, je ne peux pas me faire remplacer par quelqu’un d’autre.

Un point qui me travaille aussi souvent c’est d’être créative tout le temps, je dois toujours me nourrir pour rester créative. Maintenant que je sais ce qui me nourrit et ce qui me vide, et je pense que chaque entrepreneur doit faire cette introspection. Ce qui me stimule, c’est la rencontre avec les gens et c’est aussi ce qui m’amène à être mentor dans le programme WomenLab !

Virginie Hubain de Mieu Concept Store

Parlons des avantages ! Devenir indépendante, ça vous a apporté quoi ?

Estelle : Un gros avantage, c’est de pouvoir décider soi-même de ses horaires.

Marie : Je confirme ! Et aussi pouvoir bosser de chez soi. Ou encore, quand j’ai des clients pénibles, je peux décider de les envoyer valser 😉 Je peux aussi laisser de la place à mon développement personnel, prendre le temps de prendre soin de moi pendant les phases plus compliquées, sans avoir la pression des supérieurs ou collègues.

Estelle : C’est pareil. J’ai fait un travail d’introspection et ça a été un élément important et très bénéfique pour m’aider à avancer.

Virginie : Pour ma part, je dirais la liberté que ça apporte. Même si avec un commerce on est lié aux horaires du magasin. C’est aussi pour ça que j’ai embauché. Je dirais aussi la fierté d’avoir créé des emplois et d’avoir créé une équipe qui marche.

Quels seraient vos conseils pour une femme qui veut se lancer ?

Virginie : D’abord, bien se connaître et savoir ce qu’on veut pour soi. Pour ma part, j’ai accepté le fait que j’allais avancer moins vite dans mon projet parce que j’ai décidé de laisser de la place à ma vie de famille. C’est important de garder une vie à côté et de prendre du recul.

Estelle : Déjà, je pense que quand ton boulot te plaît et te nourrit, tu n’as jamais l’impression d’aller travailler. Il y a toujours des situations qui peuvent te vider, des clients ou un contexte compliqué, mais ça fait partie du taf, tout comme la compta !

Sinon, je pense qu’en tant qu’entrepreneure, c’est super important d’être bien entourée.

Marie : Oui, c’est important que l’entourage soit partant pour nous soutenir. L’entrepreneuriat ce n’est pas fait pour tout le monde donc c’est important d’être soutenue. Il faut aussi accepter de recevoir de l’aide. Se faire coacher pour lever ses freins, challenger son idée, et qu’il y a un marché pour son business, et éventuellement réajuster son projet.

C’est aussi hyper important de se connecter à des réseaux. Moi je fais partie des Mum-preneures et ça apporte beaucoup. Notamment, elles poussent à ce que les femmes arrivent à se rémunérer avec leur activité.

Virginie : Tout à fait. Groupe One, Hub, Réseau Entreprendre, ou Hors Normes, … Il y a plein de réseaux différents qui apportent des choses différentes.

Je dirais aussi réfléchir son projet, mais pas trop 😉 Ce ne sera jamais nickel, donc il faut se lancer. Au pire on se plante et on rebondit. Il faut aussi se montrer volontaire et tenace. Garder son objectif en tête et accepter de dévier pour l’atteindre. Avoir conscience que ce sera dur, mais que ça en vaudra la peine !

 

Ces témoignages font écho en vous ? Vous avez également envie d’oser vous lancer ? 

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