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Quel rôle peuvent jouer les entrepreneur·es pour la transition économique ?
Marcel Van Meesche, fondateur du bureau de conseil 21 Solutions, expert en gestion environnementale dans notre programme d’accompagnement Explore, a accepté de nous donner son point de vue sur l’économie de demain et comment les entrepreneur·es peuvent jouer un rôle concret pour le changement.
Bonjour Marcel, pourrais-tu nous expliquer en quelques mots ton parcours ?
Alors, je suis né en 1972, l’année du rapport du Club de Rome « Les limites à la croissance » ! Donc bon… c’était déjà un signe [rires]. J’ai fait des études en sciences financières et économiques et, dans ce cadre, j’ai commencé à travailler sur les matières environnementales. C’était assez atypique à l’époque.
Quand je suis sorti, je ne voulais pas aller travailler dans une banque ou une grande boîte de consultance. J’ai donc fait une formation à l’Institut Eco-conseil pour travailler davantage sur le management environnemental et l’éco-gestion.
Avec mon associé, on a créé un premier bureau de conseil qui avait pour but d’accompagner les entreprises et les pouvoirs publics dans toute l’Europe sur les normes ISO 14001, EMAS, le label éco-dynamique, etc. On a aussi développé des méthodologies pour les PME et TPE.
Et à un moment donné, j’avais besoin de revenir à des projets plus locaux. En plus, il y avait beaucoup de choses à faire à Bruxelles ! J’ai donc créé 21 Solutions pour avoir une plus grande diversité de projets à échelle plus locale, comme des projets plus citoyens, des projets de stratégie régionale, … pour avoir une couverture transversale. L’entreprise, elle fait partie de la ville, tout comme les citoyens. Donc on agit de manière pragmatique et opérationnelle avec chacun de ces acteurs sur les projets de transition territoriale, que ce soient les citoyens, les administrations ou les entreprises.
Comment est-ce que tu vois l’économie de demain ? Comment est-ce que selon toi l’économie de demain devrait fonctionner ?
Elle doit rester à échelle humaine. La présence des humains dans les enjeux économiques est cruciale, on doit revenir à une économie de proximité. Donc je suis assez en faveur des chaînes courtes, de la relocalisation de l’emploi et de la relocalisation des différentes activités d’une chaîne de valeur (en amont et en aval).
Comment les entrepreneur·es peuvent participer à cette vision ?
J’ai toujours eu du mal à généraliser, du style « tout·e entrepreneur·e devrait faire ça ». J’aime bien travailler par secteur, parce que chaque secteur a ses spécificités, ses enjeux et ses leviers.
D’abord, je pense qu’il est important que les entrepreneur·es prennent conscience de leur impact personnel potentiel : l’impact qu’ils et elles ont sur leurs collaborateurs (en les emmenant vers quelque chose de plus pérenne), mais aussi sur leurs clients, leurs partenaires, fournisseurs, etc.
Il est important qu’ils et elles se rendent compte des impacts que créent leurs entreprises sur les matières environnementales, climatiques mais aussi sociales.
Ensuite, il est important qu’après cette prise de conscience, il y ait une prise d’action. On voit beaucoup d’entreprises (plutôt les grandes) qui s’engagent sur des stratégies « Carbone Neutre » ou autre, mais qui, dans les faits, n’ont encore rien mis en place pour y arriver.
Il faudrait aiguiller les entreprises de manière plus pragmatique dans leur transition. En fait, je voudrais qu’il y ait plus de clubs d’entreprises du type « The Shift », etc. qui donnent des approches très pragmatiques pour commencer demain, dans l’opérationnel, et pas aider à faire une énième stratégie de transition très théorique.
Notre programme d’accompagnement Explore, dans lequel tu interviens comme expert, est justement conçu pour accompagner les entrepreneur·es qui veulent réduire l’impact de leur activité et la rendre plus durable ? En quoi ce programme peut les aider concrètement ?
D’abord grâce au diagnostic qui donne une vue à 360°. On va faire un premier screening sur les activités de l’entreprise, identifier les impacts potentiels les plus forts et puis aller chercher l’expert·e qui pourra approfondir ce diagnostic en fonction de son domaine de compétence pour ensuite faire des recommandations et aiguiller l’entrepreneur·e correctement.
On aide aussi les entrepreneur·es à prioriser. On a vu plusieurs entrepreneur·es venir avec une idée de ce qu’ils ou elles veulent faire pour réduire leur impact environnemental et en analysant les choses de plus près, on se rend compte que ce n’est pas vraiment par ça qu’il faut commencer. On les aide à définir les priorités pour réduire leur impact et ce n’est pas toujours là où on l’imagine. On travaille donc sur le découpage de l’entreprise en activités : qu’est-ce qu’elle fait ? C’est quoi ses activités/process phares ? Et quel est l’impact actuel et potentiel de chacune de ses activités/process ?
Les entrepreneur·es sont donc mis en contact avec des expert·es de terrain qui vont vraiment donner des recommandations très factuelles en termes d’énergie par exemple, de déchets ou de mobilité éventuellement si c’est opportun, mais aussi faire des recherches de primes.
Et puis on rajoute une couche encore en regardant quels sont les métiers derrière les process de l’entreprise. Parce que finalement, on peut changer des choses par des équipements plus technologiques qui réduisent l’impact environnemental produit par des gestes humains, mais l’humain reste quand même derrière une bonne partie des process, surtout dans les petites entreprises.
C’est un programme axé sur le concret, la pratique directement sur le terrain. Donc, on est quand même dans un programme qui va plus loin que d’autres programmes, qui vont juste être une liste de bonnes pratiques que l’entrepreneur·e pourrait suivre, mais sans avoir d’analyse factuelle.
Ça permet aux entrepreneur·es qui tentent des choses à droite et à gauche de se poser la question de quels sont finalement mes vrais impacts, quelles actions devraient être menées en priorité, et comment y arriver.
Peux-tu nous dire plus précisément quel est ton rôle au sein de ce programme ? Comment 21 Solutions intervient ?
La vue à 360°, ça comprend une partie économique, une partie gouvernance, et une partie business model et éco-gestion, 21 Solutions va intervenir sur cette dernière partie.
Dans le cadre d’Explore, j’aide les entrepreneur·es dans la réduction de leur impact environnemental. Je les oriente éventuellement vers les labels si c’est opportun. J’apporte aussi ma vue d’ensemble de la dynamique économique bruxelloise : faire des liens entre ce que l’entreprise fait avec la stratégie Shifting Economy, avec le Plan d’économie circulaire ou Good Move ou autre. Et on peut relever l’ambition du projet en le relayant. J’ai une vue assez transversale sur tous les types d’accompagnements disponibles en matière d’éco-gestion et de circularité, et sur tous les types de financements.
On entend beaucoup d’idées préconçues : “faire de l’entrepreneuriat durable ça prend du temps, ça coûte plus cher, ça demande plus de travail et ça rapporte moins”. Que réponds-tu à cela ?
Concernant le temps, justement ce type de programme permet de donner un coup de boost et d’avoir le renfort de personnes externes. En 3 mois on a une vue à 360°, on a fait le découpage des actions prioritaires et l’aide à la mise en place, donc c’est assez efficace.
Concernant le coût, il y a des thématiques environnementales qui, si elles sont bien gérées, rapportent de l’argent, comme l’énergie, la consommation d’eau (si c’est significatif pour l’entreprise), etc. La recherche de la relation coût-bénéfice fait partie de l’analyse. Certaines actions peuvent paraître chères au départ, mais on se rend compte que sur le long terme ça ne sera que bénéfique, et on trouve les financements qui permettront de concrétiser ça.
Puis ça peut jouer positivement sur l’image de l’entreprise. Je prends comme exemple « Chauffe Marcel » qui communique beaucoup sur le fait qu’il fait ses interventions à vélo et attire donc un certain public sensible à ce type d’initiative.
Donc ça peut également être une opportunité de développer son marché. Si Explore permet de mettre le doigt sur un business model qui serait plus durable d’une part, mais aussi dont on aurait validé les nouveaux débouchés, c’est intéressant pour la santé de l’entreprise. Bien sûr, on sait que les business models plus vertueux comportent toujours une part de risque mais les statistiques sur la pérennité des start-ups montrent qu’elle n’est pas plus importante que pour une entreprise conventionnelle.
Vous souhaitez en savoir plus sur le programme Explore ?
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On a travaillé sur un projet spécifique : « Traiteur sur roue ». C’est un projet qui vise à organiser des événements à Bruxelles, où tous les aspects logistiques sont assurés à vélo. Ce qui permet d’éliminer pas mal de matériel.






Jean est un jeune entrepreneur de la transition qui, suite à l’écriture de son travail de fin d’étude sur l’industrie du textile, a été amené à créer
Lucid est une alternative concrète qui se base sur trois piliers : le durable, le local et le transparent. Dans le durable, nous retrouvons tout ce qui touche à l’impact environnemental et social grâce au recyclage de notre matière première. La résilience, le soutien à l’économie locale et la circularité des capitaux sont au cœur du local. La transparence part d’une volonté d’offrir un projet concret dans lequel nous avons une visibilité de ce que nous achetons. Lucid désire donner aux consommateurs une vraie possibilité de comprendre ce qu’ils achètent et ce qu’ils soutiennent. La chaine de valeur, par exemple, est accessible sur notre site internet. Je ne crains pas de parler de Lucid. Nous vivons tous la même problématique, nous sommes dans le même bateau. Si nous ne faisons rien, dans 30 ans, nous serons dans la mouise. Ce serait bête d’être égoïste et de ne pas partager nos connaissances.
Le fil recyclé à partir de vêtements et de plastique vient d’Alicante, en Espagne. Il passe de fil à textile dans le nord de la France. Le textile arrive à Philippeville pour l’étape de la confection. La confection, du textile au vêtement, est pour moi l’étape la plus importante au niveau humain. J’aime bien pouvoir contrôler les opérations pour être certain que le travail soit qualitatif et que les conditions de travail soient bonnes. En Belgique, je peux voir les travailleurs toutes les semaines et créer une relation. Je travaille avec un atelier de travail adapté, le CARP, qui valorise le travail de personnes qui ont un handicap.