Dans les coulisses de Spéculoos Magazine, Fouettmagic et Pep’s Studio : témoignage de leurs créatrices

Dans les coulisses de Spéculoos Magazine, Fouettmagic et Pep’s Studio : témoignage de leurs créatrices

Vous les connaissez peut-être sous le nom de Spéculoos Magazine, Fouettmagic ou encore Pep’s Studio. Aujourd’hui nous avons interviewé Géraldine (Spéculoos) et Meggan (Fouettmagic / Pep’s Studio), les entrepreneures qui se cachent derrière ces entreprises.

Géraldine fondatrice de Spéculoos MagazineToutes les deux mamans-entrepreneuses, Géraldine et Meggan ont débuté leur carrière comme indépendantes : Géraldine en tant que journaliste freelance pour des magazines lifestyle, Meggan en tant qu’architecte d’intérieur. Au fur et à mesure des années, leur projet professionnel s’est dessiné et elles ont finalement créé leur propre activité pro. On leur a demandé de nous raconter comment s’est déroulé leur parcours et comment elles vivent aujourd’hui leur vie d’entrepreneure.

Pourriez-vous d’abord nous en dire un peu plus sur Spéculoos Magazine, Fouettmagic et Pep’s Studio ?

Géraldine : Spéculoos, c’est une revue périodique 100% belge, poétique et intemporelle qui se situe entre le livre et le magazine. Elle est auto-éditée, indépendante et produite durablement. J’y propose un concentré de contenus belgo-belges contemporains et authentiques comme des portraits d’artisans, des adresses inédites ou des intérieurs inspirants.

Meggan : Alors, moi j’ai deux activités. Je suis créatrice de recettes et je relaie mes créations sur les réseaux sociaux et à travers mon blog Fouettmagic. Et j’ai également un studio de création d’ambiance culinaire et styling pour les marques qui souhaitent mettre en avant leurs produits. J’essaye de raconter une histoire autour de leurs produits en images, qu’elles utilisent ensuite dans leurs communications.

Comment en êtes-vous arrivées à créer ces activités ?

Meggan : J’ai bossé comme architecte d’intérieurs pendant 10 ans et ensuite comme architecte de jardin. En parallèle, j’avais créé mon blog culinaire purement par passion, pour partager mes recettes à mon entourage principalement. Et je me suis prise au jeu de créer de belles photos et du contenu inspirant. J’ai ensuite rencontré une autre entrepreneuse photographe qui se lançait et qui avait besoin de photos à montrer à ses futurs clients. On a donc créé ensemble des moments de shooting autour de thèmes comme les brunchs, la bbq party, etc.

Ensuite, Instagram est arrivé et j’ai commencé à y poster mon contenu blog avec mes nouvelles photos. Des marques ont commencé à me contacter pour mettre en avant leurs produits dans mes recettes. Ça a pris de plus en plus d’ampleur et j’ai donc pu me rémunérer petit à petit grâce à cette activité. D’autre part, les marques m’ont également sollicitée pour créer du contenu qu’elles pourraient utiliser dans leurs propres canaux de com’. C’est pour ça que j’ai créé Pep’s Studio.

Géraldine : Pour ma part, j’ai commencé ma carrière comme journaliste freelance pour des magazines lifestyle. J’étais full indépendante, sans prêt, et encore sans enfants donc sans « risque » majeur. Le secteur de la presse est assez compliqué, j’avais beaucoup d’incertitudes sur mes revenus. Donc quand j’ai commencé à avoir des enfants, j’ai pris la décision de reprendre un mi-temps salarié et de continuer mes contrats freelance à mi-temps.

J’avais cette idée de magazine depuis un bout de temps mais je n’imaginais pas la concrétiser un jour. Mon mari m’a suggéré d’aller voir une coach en création d’entreprise et, alors que je pensais qu’elle allait casser mon idée, elle s’est montrée hyper emballée. J’ai donc commencé à bosser là-dessus avec cette coach qui était là pour me rebooster à chaque fois que j’avais envie d’abandonner, et j’ai fini par faire une campagne de crowdfunding, grâce à laquelle j’ai eu les fonds nécessaires pour lancer le premier numéro de Spéculoos en 2018. Depuis lors, il y a eu 6 numéros et je continue cette activité en tant qu’indépendante complémentaire.

Meggan, fondatrice de Pep's studio et FouettmagicQuels ont été (ou quels sont encore) les challenges auxquels vous avez fait/faites face ?

Géraldine : En phase de création, c’était surtout de ne pas se décourager. Au départ, ça me paraissait être une montagne de choses à faire et c’était effrayant. La coach m’a aidé à mettre les priorités et à y aller pas à pas.

C’était aussi challengeant de jongler entre mon rôle de maman et mon statut d’indépendante. Par exemple, le congé maternité est compliqué parce que si on s’arrête trop longtemps, on peut perdre des clients. Donc j’ai dû vraiment m’arrêter le minimum.

Sinon dans le cadre de Spéculoos, j’ai mis du temps à trouver la bonne équipe et les bons partenaires avec qui ça roule. Maintenant je suis ravie, mais j’aurai galéré pour y arriver.

Meggan : Pour ma part, je dirais d’abord, trouver le moyen de me lancer sans risque. Au moment où mes activités de création de contenus gourmands ont commencé à prendre de l’ampleur, on avait déjà des enfants avec mon compagnon et on venait de contracter un crédit pour faire construire. Donc, pour me dédier pleinement à cette nouvelle activité, j’ai voulu passer par une couveuse d’entreprise. Le problème c’est que vu que j’avais déjà un statut d’indépendante, je n’y avais pas accès. J’ai donc repris un emploi salarié pendant 1 an et demi pour y avoir droit. Le but était de me rassurer financièrement avec le chômage avant de faire le grand saut. Je suis sortie de couveuse et j’ai encore facturé quelques mois via la Smart avant de créer ma SRL.

Sinon, le plus challengeant aujourd’hui c’est d’anticiper mon chiffre d’affaires : aujourd’hui 30% vient de Pep’s qui est un revenu plus prévisible, mais 70% viennent de Fouettmagic qui est beaucoup plus variable et donc difficile à anticiper. Et je dirais également la gestion du temps et du process : c’est un tout nouveau métier qui n’existait pas il y a quelques années. Je n’ai donc pas de référence. Je dois optimiser mes process et peaufiner mes conventions contractuelles toute seule, après essais et erreurs. Et j’ai eu les mêmes difficultés pour fixer mes prix. C’est d’ailleurs ma bonne résolution 2024 : augmenter mes tarifs 😉

Selon vous, quels sont les ingrédients pour réussir à créer son propre business ?

Meggan : D’abord oser. Le premier frein c’est l’argent. Alors faire un plan financier pour voir si les objectifs du plan sont jouables c’est un bon départ.

Ensuite je dirais de la créativité dans tous les sens du terme. Communiquer sur son projet, se faire connaître mais aussi pour savoir rebondir face à un obstacle ou encore pour optimiser son temps. Je dirais aussi de la rigueur et enfin, prendre régulièrement du recul sur son activité pour avoir une meilleure vision du cycle de son année et mieux s’organiser.

Et puis s’entourer. Le réseautage c’est hyper important.

Géraldine : Oui s’entourer effectivement. Se faire coacher en période de création pour lever les freins. Tu ne peux pas savoir comment ça va se passer tant que tu ne te lances pas. C’est important de mesurer les risques et puis se lancer. On ne vit qu’une fois.

Je crois aussi qu’il faut être passionnée. Financièrement c’est plus difficile que le salariat donc il faut le faire parce qu’on en a envie. Mais c’est aussi important d’en dégager un revenu, sinon c’est voué à ne pas durer.

Et alors le travail, le travail et encore le travail.

Selon vous, quels sont les ingrédients pour s’épanouir dans sa vie pro indépendante ?

Meggan : Alors, ça peut paraître bizarre comme réponse mais je dirais de ne pas faire passer son activité en premier. Aujourd’hui je suis maman solo une semaine sur deux et le fait d’être indépendante me permet d’organiser mon temps librement. Et c’est important de savoir décrocher pour profiter de sa vie privée. Quand on crée sa propre activité, tout repose sur la personne qui porte le projet, on n’a pas le droit de fléchir. Et si on veut que l’entreprise soit viable, il faut que cette personne soit viable aussi. C’est donc important de prendre soin de soi pour être au mieux de sa forme quand on se plonge dans son business.

Géraldine : Idem. Quand j’étais salariée, à la fin de la journée, je laissais le boulot derrière moi à la fin de la journée. Depuis que j’ai ma propre activité, mon esprit n’est jamais au repos. Il y a toujours quelque chose à faire. Donc lâcher prise et prendre du recul pour mieux profiter de ce qu’on fait.

Meggan : C’est aussi important de créer un boulot à son image. De plus en plus, je travaille avec des clients qui correspondent à mes valeurs. On peut y travailler au fur et à mesure que son activité fonctionne. Et c’est hyper épanouissant d’arriver à vivre d’un job qui nous ressemble.

Géraldine : Je dirais aussi trouver son propre équilibre. Pour ma part je suis ravie d’avoir d’une part un boulot mi-temps – pour les collègues et la stabilité – et, d’autre part mon activité indépendante qui me permet de faire quelque chose qui me tient à cœur.

Et enfin, c’est important de porter un regard bienveillant sur son parcours. Certaines personnes me disent que c’est génial ce que je fais. Et c’est vrai qu’il faut de temps en temps se rendre compte de ce qu’on a accompli et d’en être fière.

 

Ces témoignages font écho en vous ? Vous avez également envie d’oser vous lancer ? 

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Eh oui ! L’économie durable s’applique également aux entreprises de services. Dimitri et Jennyfer, avocats au barreau de Bruxelles, ont fait le choix d’améliorer leur impact sociétal. Découvrez leur expérience et inspirez-vous des actions concrètes qu’ils ont mises en place.

Dimitri a créé son cabinet avec son ami Tibault il y a 8 ans. Depuis lors, le cabinet a grandi et est aujourd’hui composé de 8 personnes. Il y a presque 3 ans, Jennyfer a rejoint l’équipe en qualité d’office manageuse. Récemment, ils ont décidé de retravailler plusieurs axes de leur modèle d’entreprise, comme leur marque, leur impact social et environnemental.

Ce dernier point est devenu très sensible pour eux suite à une grosse prise de conscience, et c’est dans cette dynamique qu’ils ont décidé de rejoindre le programme Explore.

Pourquoi avez-vous eu envie de rendre votre activité plus durable ?

Dimitri : Il y a une commission au sein du barreau qui est assez active dans tout ce qui concerne le climat. On a été invités à une conférence qui avait pour thème « Organiser la transition écologique des cabinets d’avocats ». Et en sortant de là, on s’est dit : « Il faut qu’on agisse, c’est pas possible ! »

Dans un écosystème ou tout est interconnecté, on a vraiment envie d’en être acteur. Et être acteur, ça passe à mon sens par une identité forte qui se concrétise autour de 3 axes :

Avant, le nom du cabinet était la somme de nos deux noms à Tibault et à moi : le Hardÿ & Paternostre. On l’a transformé en Shape Law Firm. Pourquoi Shape ? Parce qu’on est davantage dans la négociation raisonnée plutôt que dans le conflit statique avec deux positions où un juge tranche, on est dans la dynamique d’une recherche de solutions qui a une vraie plus-value pour tous les acteurs du conflit. « Shape » en anglais, cela veut dire « façonner, concevoir ». Ça implique une dimension d’action, de dynamisme, qui nous paraît être fondamentale dans la recherche de solutions.

Et puis à côté de ça, notre identité passe aussi par notre impact social. On a fait le choix au sein du cabinet de redistribuer un peu de notre temps et de notre argent pour servir des cas ou des causes qui nous semblent justes. On a pris conscience qu’il ne fallait pas qu’on attende d’avoir « réussi » une carrière professionnelle pour s’y mettre. Et donc aujourd’hui, on se dit qu’on peut « donner » tous les jours à notre mesure selon nos moyens. Pour réaliser ça, on s’est fait accompagner par un autre organisme « Innovative Sharing » qui accompagne les entrepreneurs philanthropes et les investisseurs sociaux pour maximiser leur impact social.

Le troisième axe est environnemental. On avait envie d’agir dans le bon sens et comme l’envie ne suffit pas, on a participé à Explore. Le programme nous a permis de concrétiser les choses.

Comment avez-vous entendu parler d’Explore ?

Dimitri : En fait, grâce à la femme derrière moi (rires) ! [ndlr. : en désignant une participante du programme également avocate] 

Suite à notre prise de conscience après cette conférence, on était un peu désemparés parmi toutes les solutions qui s’offraient à nous. Les offres des boîtes de consultance étaient assez chères. Et on avait du mal à débourser autant d’argent sans garantie que ça correspondait bien à notre besoin.

C’est là que j’en ai parlé à Florence, qui travaille chez Intakt Law Firm, un autre cabinet d’avocats. Elle m’a parlé de l’incubateur Explore, un programme qu’elle venait tout juste d’intégrer.

J’ai donc pris contact avec Manon qui est coach pour Explore. La nouvelle session du programme venait de commencer mais si on se décidait rapidement, on pouvait prendre le train en route ! Elle m’a bien expliqué ce qu’allait nous apporter le programme et ça s’est tout de suite éclairé. Ce qui nous a convaincu, c’est ce processus de mise en compétences, le fait d’être acteur de notre transition et de pouvoir s’approprier les choses, c’est la grande force du parcours Explore !

Dans le cadre d’une entreprise de service, comment et quelles actions peut-on mettre en place pour se durabiliser ?

Jennyfer : C’est marrant parce que ça a été une première crainte au début du programme : On a envie d’agir mais on fait quoi et comment. Et en fait, je me rends compte maintenant qu’on a plein de pistes d’actions et qu’on doit plutôt se canaliser pour ne pas partir dans tous les sens.

Alors effectivement, par rapport à une entreprise qui vend des produits, qui a des stocks et qui achète des matières premières, on aura moins d’impact et un moindre champ d’action en termes d’achats par exemple. Mais en réalité, même si on a un métier de service, on a un impact sur plein de choses et notamment tout ce qui est numérique ou ce qui est lié à la mobilité. La bonne nouvelle, c’est qu’en réalisant notre Bilan Carbone pendant Explore, le résultat n’était pas catastrophique ! Bien sûr, ça n’est pas pour ça qu’il ne faut rien faire ! On a très envie d’agir et changer, de prendre les meilleures habitudes possibles.

Et concrètement, qu’est-ce que vous allez faire ?

Jennyfer : Le tout premier point, c’est la conscientisation de l’équipe. On a vraiment envie que ça devienne un challenge d’équipe et de les conscientiser de façon agréable.

À côté de ça, on a quand même envie d’évoluer sur le plan mobilité, c’est vraiment un des grands chantiers. Suite au comité d’experts, on nous a donné quelques pistes et je crois qu’il va falloir qu’on creuse aussi un peu plus en interne.

On a aussi plusieurs audits planifiés prochainement : bâtiment, énergie, achats, … Ce qui signifie qu’il y aura d’autres plans d’actions à mettre en œuvre.

L’idée n’est pas de tout changer du jour au lendemain, mais petit à petit pour ne pas brusquer l’équipe et avancer ensemble. C’est important que toutes les actions aient un sens pour tous.

Quels sont les avantages d’un programme comme Explore ?

Jennyfer : L’accès à la bonne information et les contacts directs avec les bons interlocuteurs. C’est tout bête mais c’est beaucoup plus facile d’avancer quand on vous donne directement la bonne adresse email du bon expert qui pourra vous aider. De plus, ces experts connaissent le programme et sont donc encore plus présents pour nous soutenir. C’est beaucoup de contacts et beaucoup d’échanges.

Aussi, personnellement, j’ai vraiment été fascinée par d’autres membres du programme qui sont parfois tout seuls pour gérer leur boîte et ils débloquent quand même du temps pour améliorer leur business. Je me suis vraiment dit « Waouh ! ». Ça me donne encore plus envie d’agir et de changer les choses.

Dimitri : J’ajouterais aussi la crédibilité du programme et des membres, on sent qu’ils n’instrumentalisent pas le mot durable, ils le vivent. Le terme « durabilité » n’est pas utilisé à mauvais escient ici. D’ailleurs on le ressent déjà dans le lieu, tout ça est très imprégné et chacun mène une mission qui ne sonne pas faux. Ça donne confiance en le programme et ça nous conforte aussi dans nos actions.

Et peut-être aussi un point positif, c’est le réseau, on crée beaucoup de lien et de contacts, ce qui fait que quand tu intègres Explore, tu intègres un réseau.

Jennyfer : Ce que j’ai aimé aussi, c’est la disponibilité. Je sais que si j’ai un gros doute, je peux toujours reprendre contact et ce côté humain est très important. D’ailleurs, je suis un peu triste qu’on arrive au bout !

Avez-vous atteint les objectifs que vous vous étiez fixé pour améliorer l’impact environnemental de votre cabinet d’avocats ?

Jennyfer : De mon côté oui, ça m’a aidé à me structurer et à surmonter mes doutes.

On a encore un travail de structuration à faire car on a ouvert les yeux sur plein d’actions qu’il va falloir planifier. Mais grâce à un outil, on va pouvoir inscrire tout ça dans le temps et que ça dure sur le long terme.

Dimitri : L’objectif de mise en mouvement est atteint et maintenant qu’on a les clés, c’est à nous d’agir. On a déjà commencé, ça va être une dynamique dans le long terme.

Vous aussi vous êtes entrepreneur·e·s et vous ressentez l’urgence d’agir pour la transition économique ?

Explore et la communauté des entrepreneur·e·s durables. Bénéficiez gratuitement d’un coaching sur mesure pour rendre votre entreprise plus durable et mettre plan d’action concret, adapté à votre réalité.

Dimitri a créé son cabinet avec son ami Tibault il y a 8 ans. Depuis lors, le cabinet a grandi et est aujourd’hui composé de 8 personnes. Il y a presque 3 ans, Jennyfer a rejoint l’équipe en qualité d’office manageuse. Récemment, ils ont décidé de retravailler plusieurs axes de leur modèle d’entreprise, comme leur marque, leur impact social et environnemental.

Ce dernier point est devenu très sensible pour eux suite à une grosse prise de conscience, et c’est dans cette dynamique qu’ils ont décidé de rejoindre le programme Explore.

Pourquoi avez-vous eu envie de rendre votre activité plus durable ?

Dimitri : Il y a une commission au sein du barreau qui est assez active dans tout ce qui concerne le climat. On a été invités à une conférence qui avait pour thème « Organiser la transition écologique des cabinets d’avocats ». Et en sortant de là, on s’est dit : « Il faut qu’on agisse, c’est pas possible ! »

Dans un écosystème ou tout est interconnecté, on a vraiment envie d’en être acteur. Et être acteur, ça passe à mon sens par une identité forte qui se concrétise autour de 3 axes :

Avant, le nom du cabinet était la somme de nos deux noms à Tibault et à moi : le Hardÿ & Paternostre. On l’a transformé en Shape Law Firm. Pourquoi Shape ? Parce qu’on est davantage dans la négociation raisonnée plutôt que dans le conflit statique avec deux positions où un juge tranche, on est dans la dynamique d’une recherche de solutions qui a une vraie plus-value pour tous les acteurs du conflit. « Shape » en anglais, cela veut dire « façonner, concevoir ». Ça implique une dimension d’action, de dynamisme, qui nous paraît être fondamentale dans la recherche de solutions.

Et puis à côté de ça, notre identité passe aussi par notre impact social. On a fait le choix au sein du cabinet de redistribuer un peu de notre temps et de notre argent pour servir des cas ou des causes qui nous semblent justes. On a pris conscience qu’il ne fallait pas qu’on attende d’avoir « réussi » une carrière professionnelle pour s’y mettre. Et donc aujourd’hui, on se dit qu’on peut « donner » tous les jours à notre mesure selon nos moyens. Pour réaliser ça, on s’est fait accompagner par un autre organisme « Innovative Sharing » qui accompagne les entrepreneurs philanthropes et les investisseurs sociaux pour maximiser leur impact social.

Le troisième axe est environnemental. On avait envie d’agir dans le bon sens et comme l’envie ne suffit pas, on a participé à Explore. Le programme nous a permis de concrétiser les choses.

Comment avez-vous entendu parler d’Explore ?

Dimitri : En fait, grâce à la femme derrière moi (rires) ! [ndlr. : en désignant une participante du programme également avocate] 

Suite à notre prise de conscience après cette conférence, on était un peu désemparés parmi toutes les solutions qui s’offraient à nous. Les offres des boîtes de consultance étaient assez chères. Et on avait du mal à débourser autant d’argent sans garantie que ça correspondait bien à notre besoin.

C’est là que j’en ai parlé à Florence, qui travaille chez Intakt Law Firm, un autre cabinet d’avocats. Elle m’a parlé de l’incubateur Explore, un programme qu’elle venait tout juste d’intégrer.

J’ai donc pris contact avec Manon qui est coach pour Explore. La nouvelle session du programme venait de commencer mais si on se décidait rapidement, on pouvait prendre le train en route ! Elle m’a bien expliqué ce qu’allait nous apporter le programme et ça s’est tout de suite éclairé. Ce qui nous a convaincu, c’est ce processus de mise en compétences, le fait d’être acteur de notre transition et de pouvoir s’approprier les choses, c’est la grande force du parcours Explore !

Dans le cadre d’une entreprise de service, comment et quelles actions peut-on mettre en place pour se durabiliser ?

Jennyfer : C’est marrant parce que ça a été une première crainte au début du programme : On a envie d’agir mais on fait quoi et comment. Et en fait, je me rends compte maintenant qu’on a plein de pistes d’actions et qu’on doit plutôt se canaliser pour ne pas partir dans tous les sens.

Alors effectivement, par rapport à une entreprise qui vend des produits, qui a des stocks et qui achète des matières premières, on aura moins d’impact et un moindre champ d’action en termes d’achats par exemple. Mais en réalité, même si on a un métier de service, on a un impact sur plein de choses et notamment tout ce qui est numérique ou ce qui est lié à la mobilité. La bonne nouvelle, c’est qu’en réalisant notre Bilan Carbone pendant Explore, le résultat n’était pas catastrophique ! Bien sûr, ça n’est pas pour ça qu’il ne faut rien faire ! On a très envie d’agir et changer, de prendre les meilleures habitudes possibles.

Et concrètement, qu’est-ce que vous allez faire ?

Jennyfer : Le tout premier point, c’est la conscientisation de l’équipe. On a vraiment envie que ça devienne un challenge d’équipe et de les conscientiser de façon agréable.

À côté de ça, on a quand même envie d’évoluer sur le plan mobilité, c’est vraiment un des grands chantiers. Suite au comité d’experts, on nous a donné quelques pistes et je crois qu’il va falloir qu’on creuse aussi un peu plus en interne.

On a aussi plusieurs audits planifiés prochainement : bâtiment, énergie, achats, … Ce qui signifie qu’il y aura d’autres plans d’actions à mettre en œuvre.

L’idée n’est pas de tout changer du jour au lendemain, mais petit à petit pour ne pas brusquer l’équipe et avancer ensemble. C’est important que toutes les actions aient un sens pour tous.

Quels sont les avantages d’un programme comme Explore ?

Jennyfer : L’accès à la bonne information et les contacts directs avec les bons interlocuteurs. C’est tout bête mais c’est beaucoup plus facile d’avancer quand on vous donne directement la bonne adresse email du bon expert qui pourra vous aider. De plus, ces experts connaissent le programme et sont donc encore plus présents pour nous soutenir. C’est beaucoup de contacts et beaucoup d’échanges.

Aussi, personnellement, j’ai vraiment été fascinée par d’autres membres du programme qui sont parfois tout seuls pour gérer leur boîte et ils débloquent quand même du temps pour améliorer leur business. Je me suis vraiment dit « Waouh ! ». Ça me donne encore plus envie d’agir et de changer les choses.

Dimitri : J’ajouterais aussi la crédibilité du programme et des membres, on sent qu’ils n’instrumentalisent pas le mot durable, ils le vivent. Le terme « durabilité » n’est pas utilisé à mauvais escient ici. D’ailleurs on le ressent déjà dans le lieu, tout ça est très imprégné et chacun mène une mission qui ne sonne pas faux. Ça donne confiance en le programme et ça nous conforte aussi dans nos actions.

Et peut-être aussi un point positif, c’est le réseau, on crée beaucoup de lien et de contacts, ce qui fait que quand tu intègres Explore, tu intègres un réseau.

Jennyfer : Ce que j’ai aimé aussi, c’est la disponibilité. Je sais que si j’ai un gros doute, je peux toujours reprendre contact et ce côté humain est très important. D’ailleurs, je suis un peu triste qu’on arrive au bout !

Avez-vous atteint les objectifs que vous vous étiez fixé pour améliorer l’impact environnemental de votre cabinet d’avocats ?

Jennyfer : De mon côté oui, ça m’a aidé à me structurer et à surmonter mes doutes.

On a encore un travail de structuration à faire car on a ouvert les yeux sur plein d’actions qu’il va falloir planifier. Mais grâce à un outil, on va pouvoir inscrire tout ça dans le temps et que ça dure sur le long terme.

Dimitri : L’objectif de mise en mouvement est atteint et maintenant qu’on a les clés, c’est à nous d’agir. On a déjà commencé, ça va être une dynamique dans le long terme.

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Le café-librairie « Helaba » a vu le jour à Genappe. Un projet de longue haleine et de nombreux défis qu’Alessandra a su relever avec brio.

Après s’être formée pour maîtriser chaque aspect de son projet d’entreprise, cette libraire passionnée nous propose un lieu propice à l’enchantement : un café-librairie avec d’une part des livres illustrés soigneusement sélectionnés et d’autre part de produits locaux issus de circuits courts, le tout mêlé à la bonne odeur du vrai café et du chocolat chaud.

Pour Alessandra, l’entrepreneuriat n’était pas une vocation mais est devenu un moyen de vivre de ses passions et de nous les partager. L’accompagnement était, selon elle, enrichissant et surtout essentiel pour créer des synergies.

Embarquez avec nous pour découvrir son parcours et sa vision de l’entrepreneuriat !

Pourrais-tu expliquer brièvement ton parcours jusqu’à l’idée d’entreprendre ?

Au départ, j’ai fait une formation de typographe à la Cambre, j’aimais beaucoup le livre en tant que livre illustré. Étant très jeune, je dessinais déjà beaucoup. Et l’amour de la lettre s’étant également affirmé, j’ai choisi d’étudier la typographie.

J’ai entamé ma carrière à la Commission Européenne avec des missions comme la mise en page de sites web et puis dans l’évènementiel. Comme cet environnement ne me portait pas plus que ça, j’ai décidé de faire une agrégation et j’ai ensuite enseigné pendant un an différentes matières artistiques en secondaire, de la première à la rhéto. Ça a été pour moi une révélation car transmettre, c’est un des plus beaux métiers du monde. Cependant, les contraintes liées à l’évaluation, les programmes, l’administratif et par-dessus tout l’ambiance et les jalousies entre professeurs m’ont coupée dans mon élan.

Alors, je suis retournée travailler en tant qu’employée et j’ai été engagée par un groupe de presse qui édite un journal quotidien belge. C’était vraiment pour moi un des meilleurs jobs que j’ai eus, c’était un peu comme une famille. Et puis le groupe a été racheté par de grosses structures et cet esprit s’est malheureusement perdu.
C’est là que petit à petit, j’ai réalisé que pour être heureuse, motivée et retrouver du sens dans ce que je faisais, il fallait que je fasse quelque chose que j’aime.

J’avais d’un côté cette passion pour le livre en tant qu’écrit visuel, une culture de l’imaginaire depuis toujours et de l’autre côté je suis devenue aussi passionnée de café. C’est ce qui m’a amené doucement vers la création de « Helaba », un café-librairie en plein centre de Genappe.  

De quel type d’accompagnement avez-vous bénéficié et comment cela s’est-il déroulé ?

D’abord bruxelloise et salariée, j’ai fait appel aux services du Guichet d’Economie Locale de Saint-Gilles (ndlr. : Ie G.E.L. est le service bruxellois d’accompagnement à la création d’entreprise – faisant partie de l’offre START de Groupe One) ou j’ai appris à faire mon business plan et à me poser les bonnes questions, à planifier quelles étapes étaient nécessaires pour atteindre mon objectif. À ce moment, il me manquait certaines qualifications. Je me suis donc formée en café, en pâtisserie, en boulangerie, en time-management, en conteuse d’histoire et même en barmaid… Plein de choses précieuses qui n’ont fait que me conforter sur mon idée de projet et ont permis à cette idée de mûrir. C’est sur les conseils de mon coach de l’époque que j’ai suivi une formation en café et c’est même devenu ma seconde passion ! Tout cela en parallèle avec mon emploi.

Le gros chamboulement à ce moment-là, ça a été d’apprendre que j’allais devenir maman d’un petit garçon. Ce n’était pas du tout prévu ! Il me fallait réorganiser ma vie de famille, ma vie professionnelle et trouver un équilibre qui me permettait de me rapprocher de mon petit garçon comme je le souhaitais. Les valeurs humaines prenaient de plus en plus de place. J’ai continué à assurer certaines missions, puis j’ai arrêté mon travail après plus de 10 ans.

Entre-temps, j’ai souhaité revenir à la campagne et quitter Bruxelles et je suis revenue chez mes parents. Comme je n’avais personne pour garder mon petit garçon, je ne travaillais plus. J’ai alors pu bénéficier de l’accompagnement CREO (ndlr. : un programme de l’offre START de Groupe One spécifiquement destiné à accompagner les demandeur·se·s d’emploi wallon·ne·s qui souhaitent entreprendre).
J’y ai trouvé une grande source de motivation à travers mon coach et beaucoup d’étapes concrètes à réaliser, notamment l’étude de marché. J’ai également suivi le parcours formations collectives. Finalement, être accompagnée par plusieurs experts m’a permis d’aller toujours plus loin grâce à la vision de chacun.

Pour une raison d’éligibilité, je n’avais pas accès à la bourse Airbag mais actuellement, je suis en train de réaliser toutes les démarches pour obtenir la prime « Objectif proximité » et je suis accompagnée dans la réalisation de mon crowdfunding.

Quel a été la plus-value de cet accompagnement par rapport au fait de se lancer seule ?

Je pense qu’il faut se faire accompagner. On a besoin d’autres synergies et d’ouvrir des brèches qu’on n’ouvrirait pas seul·e. Ça permet réellement d’aller plus loin.

À l’heure actuelle, on parle de plus en plus d’environnement, de décroissance et de la valeur humaine au centre qui est de plus en plus importante. En cela, l’accompagnement et les échanges amènent des synergies avec des gens qui font d’autres projets. J’ai toujours des contacts avec des gens avec qui j’étais en formation collective. Et aussi, certaines ressources que m’avait donné mon coach sont devenues des rencontres essentielles dans mon parcours.

Ça m’a permis aussi de lever certains doutes que j’avais par rapport à l’entrepreneuriat : je viens d’une famille d’immigrés avec un rapport au travail qui est plutôt basé sur la sécurité d’un emploi, donc me lancer par moi-même, ça m’a fait un peu peur. Grâce au coaching, on peut décortiquer tout ça et se rendre compte que c’est possible.

L’étude de marché m’a aussi vraiment permis de me rendre compte de ce qui pouvait marcher et de croire en mon projet après avoir eu plus d’une centaine de réponses.

Où en est ton projet aujourd’hui ?

Après m’être formée pour être en mesure de maîtriser chaque aspect de mon métier, j’ai trouvé le local parfait (pas du premier coup, mais nous y voilà) et heureusement, mon papa m’a beaucoup aidée pour l’aménagement. J’ai donc pu ouvrir il y a 15 jours. J’ai encore plein de choses à mettre en place : des animations, un projet de café poussette, je dois aussi faire mon inauguration et mener à bien mon crowdfunding.

Mon crowdfunding est actuellement disponible sur la plateforme Ulule, chaque personne peut contribuer à mon projet en échange d’une contrepartie d’origine locale, c’est donnant-donnant et c’est ça qui est chouette !

Comment te sens-tu en tant que nouvelle entrepreneuse ?

Créer son emploi, ça n’a pas de prix, même si je suis encore dans une phase pleine de questionnements car maintenant, il faut que tout roule. Le fait d’ouvrir, c’est déjà s’ouvrir à l’expérience et se permettre de s’adapter à la réalité. Adapter mes tâches, mes animations, aux moments de calme ou d’affluence, par exemple.

L’important pour moi, c’est de faire quelque chose qui me plaît et de vivre une vie professionnelle qui ne soit pas une contrainte.

Puis il y a la rencontre avec les gens, il y a la découverte, il y a le partage, il y a toujours une émulation. Cette liberté dans le travail, je crois que c’est ce qu’aimerait tout un chacun. Réaliser un tel projet, c’est un peu comme avoir un deuxième enfant !

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Entreprendre en tant que femme : les conseils d’une experte

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L’entrepreneuriat peut être à la fois très tentant et très effrayant en tant que femme. Sandrine, experte intervenante du programme WomenLab, nous partage son expérience de femme entrepreneure et ses recommandations de coach.

Passée de l’université aux fourneaux de son café-restaurant zéro-déchet, Sandrine a créé son job de rêve en association avec sa meilleure amie. Entreprendre dans un secteur majoritairement masculin, cela n’a pas effrayé ce duo de choc !

Après 6 ans d’activité, c’est toute une équipe qui y travaille dans la bonne humeur. En parallèle, cette entrepreneuse pleine de peps accompagne celles et ceux qui souhaitent créer leur business et notamment les femmes en réorientation professionnelle, à travers le programme WomenLab. Découvrez son parcours et ses conseils d’experte.

Bonjour Sandrine ! Quel a été ton parcours jusqu’à l’entrepreneuriat ?

En réalité, j’ai entrepris juste après l’université. J’y ai étudié les sciences économiques et la gestion du tourisme. Avec ma meilleure amie, on rêvait depuis toujours d’ouvrir notre café. Elle ne se plaisait pas dans ses études de droit et, de mon côté, je ne savais pas vers quel job me tourner. Donc on a pensé que c’était le bon moment pour entreprendre : « on est jeunes, on a de l’énergie et du temps à consacrer au projet ! »
D’abord, on a consacré une année à bosser dans des cafés et restaurants, et en parallèle, on a suivi des cours du soir. Je crois qu’on ressentait un peu de pression de la part de nos parents et on voulait leur montrer qu’il ne s’agissait pas de glander, étant donné qu’ils avaient des attentes assez hautes pour nous après nos 5 ans d’études chacune. On s’est dit « OK, on se donne un an pour le faire ». Après ça, on a flashé sur un local, ça collait bien avec les proprios alors on s’est lancées : on a ouvert le 17 décembre 2017, ça fait bientôt 6 ans !

En tant qu’entrepreneuse, est-ce que tu identifies certains défis auxquels les femmes font souvent face en s’engageant dans cette voie ?

Concernant mon entreprise, j’identifie d’abord certains défis déjà inhérents au secteur HORECA qui est très masculin. Ensuite, il y a un peu ce syndrome de l’imposteur qui arrive quand tu vas en cours avec des gars qui sont profs depuis des années parce qu’ils ont 4 restaurants depuis qu’ils ont 16 ans.

Après, il y a aussi des difficultés inhérentes au statut d’indépendante. Je n’y ai pas été confrontée mais si j’avais été enceinte ou j’avais des enfants, je crois que ça aurait été plus compliqué et je pense qu’aujourd’hui c’est peut-être une des choses qui me ferait me remettre en question : et si j’ai envie d’avoir des enfants, comment m’organiser ? Une chose est sûre : avoir un restaurant, c’est fatigant et il faudra planifier des solutions pour tout mener de front.

Sinon un autre défi, c’est la crédibilité. Parce qu’en tant que femme, t’es pas un mec de 35 ans qui sort d’une école de commerce. La femme, dans notre société, elle n’est pas vue comme une fonceuse qui y va sans avoir peur. Être indépendante, ouvrir son restaurant, ça demande du courage, beaucoup de force et d’heures de travail. Ce sont plus des compétences et des qualités qui sont associées à l’homme. Les gens ont tendance à penser que les femmes sont plus émotives, on nous a posé beaucoup de questions par rapport à ça, nos profs de cuisine l’ont fait par exemple. Mais en fait on va très bien ! C’est ancré dans l’imaginaire mais ce n’est pas toujours la réalité.

Quelles compétences et aptitudes t’ont été les plus utiles pendant ton parcours ?

Des qualités qu’on a en commun avec mon associée et qui nous ont énormément aidées, c’est l’écoute et l’empathie. On se remet aussi facilement en question et on communique beaucoup. On s’est toujours dit les choses avant que ça ne dérape quand il y avait des petits malaises et donc en 6 ans, on ne s’est jamais disputées alors qu’on entend très souvent des histoires d’entreprises qui marchent super bien, mais qui ne durent pas car les fondateurs ne s’entendent plus. Et oui, souvent, ce sont des hommes et des histoires d’ego !

Concernant l’écoute, c’est important vis-à-vis de nos employés. On a réussi à créer un système de travail qui n’est pas hiérarchique, qui est plutôt horizontal. L’ambiance de travail est super chouette et on peut dire qu’on travail entre amis ! Je pense que c’est ma plus grande fierté. Et aussi être à l’écoute des clients, de ce qu’ils veulent en venant chez nous.

Une dernière qualité qui m’a beaucoup aidée, c’est la persévérance. Quand j’ai une nouvelle idée, parfois ça peut m’amener à travailler toute la nuit dessus ! Je pense vraiment qu’il faut être persévérante quand on est indépendante : si on sent que ce qu’on fait est une bonne chose, il faut persévérer et y aller.

Selon toi, que peut apporter l’entrepreneuriat aux femmes qui souhaitent se réorienter professionnellement ?

D’abord, une grande confiance en toi ! Je pense qu’en tant que femme, t’as souvent ce truc qu’on appelle le syndrome de l’imposteur : tu as peur de te lancer, tu ne te sens pas légitime dans ton domaine et c’est quelque chose que les hommes ont vraiment beaucoup moins.

Et non, t’es pas obligée d’avoir fait des longues études de cuisine pour concrétiser ton projet HORECA. Et c’est pareil pour n’importe quel métier : que tu veuilles être dans le coaching, dans le tricot ou que sais-je ! Si tu te formes, si tu as une expérience, si tu sens que tu sais le faire et si tu as des retours positifs, que tu es à l’écoute de tes clients, pourquoi ne pourrais-tu pas en faire ton métier ?

Je pense que quand tu réussis à franchir le cap de créer ta boîte et d’avoir ton premier client et qu’il est satisfait, ça donne vraiment confiance en soi. C’est une tout autre confiance de savoir que c’est pas ton patron qui t’as félicitée, c’est vraiment toi qui as créé quelque chose.  Tu crées ton travail, tu crées ton salaire et parfois même le salaire d’autres gens. C’est hyper valorisant !

Que dirais-tu aux femmes qui hésitent à se lancer dans cette aventure et à créer leur propre business ?

Je peux entendre que y ait des femmes qui aient vraiment peur : quand tu as déjà des charges, des enfants, c’est plus compliqué. Donc moi mon conseil, c’est que quand tu crées ta boîte, tu n’es pas obligée tout de suite de faire un prêt de 100.000 € à la banque, c’est vraiment possible d’agir petit à petit pour atteindre son objectif.

C’est certain que pour le restaurant, tu ne peux pas l’ouvrir un jour par semaine pour commencer mais tu n’es pas obligée d’avoir 200 m² avec un gros prêt. Tu peux commencer beaucoup plus simplement ! Je dirais à ces femmes qu’on trouvera toujours un moyen pour mener à bien leur projet. C’est pour ça que c’est important de se faire accompagner et de bénéficier de l’expériences d’expert·e·s et d’autres entrepreneuses.

Notre programme d’accompagnement WomenLab, dans lequel tu interviens comme experte, est justement conçu pour accompagner les femmes de plus de 30 ans qui souhaitent se réorienter professionnellement ? En quoi ce programme peut les aider concrètement ?

Après avoir rencontré trois postulantes, mon constat est qu’il y a beaucoup de choses que tu n’apprends pas à l’école, même en gestion. Par exemple, j’ai fait économie et gestion mais je n’ai pas appris comment faire un business plan ? Comment faire un plan financier ? Et c’est ça qui fait souvent hyper peur.

Pendant le programme, on démystifie complètement le plan financier et en fait tu te rends compte que ce sont juste des données à rentrer dans un fichier Excel qui te disent combien tu vas devoir vendre pour être rentable.

Ces femmes peuvent ressortir avec des connaissances plus théoriques sur ces thématiques et également les mettre en pratique.

Faire partie d’un incubateur avec d’autres participantes, ça oblige à repenser ton projet à chaque atelier. Elles ressortent donc avec un projet plus abouti, plus travaillé, qu’elles auront eu l’opportunité de repenser grâce aux outils proposés.

Et enfin, le partage avec d’autres entrepreneuses permet de gagner en confiance : tu t’appropries ton projet et tu réussis à chaque fois à mieux en parler, à trouver des termes adéquats, plus précis. Au bout de 10 semaines d’incubation, tu fais confiance à ce projet et tu te sens bien mieux préparée pour te lancer !

Vous souhaitez vous réorienter et entreprendre ? Découvrez l’incubateur pour les femmes qui ont un projet entrepreneurial.

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Du brassage amateur à un business durable

Du brassage amateur à un business durable

Passer du brassage amateur lancé en plein confinement à une brasserie durable, c’est le défi fou que se sont lancé Nico et Sam. Découvrez dans cette interview comment ils portent leur projet vers plus de durabilité.

Confinés pendant la crise COVID en 2020, Nico et Sam se sont pris au jeu du brassage en amateur. D’abord pour impressionner leur entourage, ils se sont vus régulièrement pour brasser de petites quantités. Après avoir passé un cap en décrochant la médaille de bronze au Brussels Beer Festival, ils ont pris l’enivrante décision de lancer leur propre projet brassicole. C’était la naissance de Fugu Brewing Co. et de leur première bière : la Fugushima.

Une fois plongés dans le monde brassicole, les voilà confrontés aux challenges de l’entrepreneuriat, avec l’ambition de construire un business de plus en plus durable. Les deux entrepreneurs ont donc rejoint la communauté EXPLORE pour échanger sur les problématiques rencontrées et trouver des solutions adaptées à leur réalité.

Lors d’une rencontre avec Nico, nous sommes revenus sur le parcours réalisé.

Qu’est-ce qui t’as donné envie de suivre le programme Explore ?

Après deux ans d’existence, on a des envies de rapatrier toute notre production sur Bruxelles, ce qui soulève plein de challenges, notamment concernant nos contenants et les matériaux qu’on utilise. C’est sur ces aspects que j’ai eu envie de me faire accompagner.

Concrètement, sur quoi travailles-tu ?

Une grande problématique qu’on a, c’est qu’actuellement, on livre des fûts en plastique à usage unique dans les bars. Depuis le début on est bien conscients que ce n’est pas optimal d’utiliser ce type de contenant. Le programme Explore est donc une bonne opportunité pour attaquer le problème et changer ça !

 Tes objectifs à la sortie du programme…

L’objectif, ça va être d’abandonner ces fûts en plastique pour passer sur une flotte 100% en inox qui vont être beaucoup plus durables et pouvoir être réutilisés dans le temps.

Que t’as apporté le programme Explore ?

EXPLORE, c’est une multitude de petits ateliers avec des experts en matière de durabilité. Donc c’est vraiment intéressant de pouvoir prendre du recul par rapport à son projet, et d’identifier à l’aide de ces experts toutes les petites problématiques qu’on peut tacler pour avoir une entreprise de plus durable.

Et les principaux « plus » du programme Explore . . .

Ce qui est vraiment sympa, c’est qu’on rencontre beaucoup d’entreprises bruxelloises. On est directement bien entouré et on peut échanger avec d’autres entrepreneur·es. C’est aussi d’avoir des expert·es qui sont conscient·es des problématiques liées à la Région bruxelloise. Grâce à ça, on peut avancer et les solutionner ensemble et c’est super intéressant.

Qu’as-tu pensé de la plateforme d’e-learning ?

Très enrichissant. Il y avait beaucoup d’informations concrètes sur cet e-Learning. On a beaucoup appris. Notamment lorsque l’on a fait le Bilan Carbone, notamment de cette flotte de fûts en plastique dont je vous parlais. On y a trouvé beaucoup d’informations qui ont permis de mettre des chiffres sur différents éléments. À chaque fois, il y a un petit questionnaire à la fin qui permet de se remémorer et de vérifier que tout a été bien compris. Et ça, c’est plutôt sympa.

Tu as souligné plus tôt le fait de rencontrer d’autres entrepreneur·es bruxellois·es, peux-tu nous en dire plus ?

Je pense que tout le monde sait que l’entrepreneuriat n’est pas une chose facile. On peut facilement se retrouver assez seul dans son projet et là, pouvoir s’asseoir à une table pendant 1h30 à côté d’autres personnes qui vivent la même chose, qui ont rencontré des problèmes similaires c’est très enrichissant.  Ce sont des contacts que l’on va garder et vers qui on pourra se tourner en cas de pépin, car peut-être qu’il ou elle a déjà vécu la même chose.

Donc tu comptes bien profiter de la communauté online…

Clairement ! C’est un peu comme sur un forum. Ça permet de poser une question si on ne sait pas vers quel interlocuteur se tourner. Grâce à un petit message sur le groupe, on peut obtenir des réponses. Ça stimule l’entraide !

Retrouvez toutes les infos de notre programme d’accompagnement Explore

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La Shifting Economy, qu’est-ce que c’est ?

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Pour répondre aux grands défis sociaux et environnementaux actuels, la Région de Bruxelles-Capitale met en place une stratégie de transition et de relocalisation de l’économie pour un Bruxelles décarboné en 2050 ! Mais quelles sont les implications pour les entrepreneur·es ?

Suite aux crises successives (Covid, Ukraine, …), Bruxelles rencontre une dualité économique : certains secteurs connaissent une reprise relative pendant que d’autres stagnent ou manquent de perspectives, malgré la résilience des entrepreneur·es. Ces crises ont mis en lumière la vulnérabilité d’une économie mondialisée et la nécessité de relocaliser les chaînes de production en Europe pour assurer une maîtrise locale des biens essentiels. La transition économique circulaire constitue la réponse aux enjeux majeurs tels que les prix de l’énergie, des matières premières et la raréfaction des ressources.

Les objectifs de la Shifting Economy

La Région s’est donc fixé un premier cap à horizon 2030 avec 2 missions principales : aligner ses politiques économiques sur les objectifs de durabilité mondiaux et orienter son soutien en faveur d’entreprises adoptant des pratiques exemplaires sur le plan social et environnemental. Au cœur de cette transition, 5 secteurs seront priorisés :

        • la qualité de vie et la résilience urbaine,
        • l’e-santé,
        • les industries culturelles et créatives,
        • l’agriculture et l’alimentation durables,
        • ainsi que la gestion responsable des ressources.

Ces secteurs collaboreront activement avec les administrations régionales, notamment Bruxelles Environnement, Bruxelles Economie Emploi, Hub et Innoviris, pour concrétiser la vision de la Shifting Economy.

Concrètement, ça veut dire quoi pour les entrepreneur·es ?

La Région prévoit de réorienter ses outils d’aide à l’entrepreneuriat pour soutenir d’une part les entreprises déjà engagées (dites « early adopters ») dans leurs projets exemplaires et, d’autre part, pour stimuler un maximum d’entreprises à repenser leur activité pour s’inscrire dans une économie durable, régénérative et inclusive.

Concrètement, les plans régionaux existants vont être réadaptés pour assurer la cohérence avec les objectifs de la Shifting. D’ici 2030, les soutiens économiques comme les accompagnements, les financements, les hébergements, … seront progressivement réorientés vers les seules entreprises qui s’inscrivent dans une démarche d’exemplarité environnementale et sociale.

Mais qu’entend-t-on par « exemplarité » ? Une entreprise dite “exemplaire” a une activité réancrée territorialement, respecte l’environnement et a une finalité sociale. Elle ne vise pas uniquement des objectifs financiers, mais également le bien-être de ses parties prenantes (employés, clients, fournisseurs, voisins, etc.) et le respect de la planète. Pour être qualifiée d’exemplaire, une entreprise devra donc démontrer un apport social et/ou environnemental positif tout en garantissant de ne pas nuire à l’autre aspect. Des dispositifs régionaux déjà existants ont été identifiés pour formaliser ces critères d’exemplarité.

Comment faire transiter mon entreprise ?

Heureusement, des programmes d’accompagnement pour aider les entrepreneur·es à adapter leur activité existent déjà. C’est le cas notamment du programme Explore, un coaching sur mesure sur 3 mois pour enclencher la transition vers l’exemplarité. Ce programme est totalement subsidié par la Région encore jusque fin 2023.

Chez Groupe One, nous nous réjouissons que cette politique régionale ambitieuse soit enfin alignée avec la mission que nous portons depuis 25 ans.

La Shifting Economy Week

À vos agendas ! La Shifting Economy Week, semaine dédiée à la transition régionale, sera de retour en novembre 2023. Des évènements et activités en tout genre seront organisés, regroupant les acteurs économiques bruxellois afin de s’inspirer et pousser plus loin le développement d’une économie qui répond aux défis environnementaux et sociaux, actuels et futurs.

 

La Shifting Economy, c’est changer de cap et avancer ensemble vers l’économie de demain !

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