L’accessibilité alimentaire : un enjeu majeur pour nos sociétés modernes

L’accessibilité alimentaire : un enjeu majeur pour nos sociétés modernes

Alors que les demandes d’aide alimentaire montent en flèches et que le budget alloué à la nourriture de qualité diminue, la question de la sécurité alimentaire apparaît comme un enjeu essentiel de notre société actuelle. Analysons cette question épineuse et les pistes de solutions.

1er constat : une précarité alimentaire en hausse

En Belgique, on estime qu’une personne sur cinq est en situation de précarité. Cela signifie qu’avec un revenu mensuel faible, il leur est impossible de faire face à toutes les charges d’un ménage, l’alimentation incluse.

L’aide alimentaire se multiplie

Aujourd’hui, d’après le mémorandum 2024 de la Concertation d’Aide Alimentation à l’initiative de la Fédération des Services Sociaux, ce sont environ 600 000 personnes qui ont recours à des services sociaux d’aide alimentaire. Cela représente une augmentation de 30%, comparé aux chiffres d’avant les différentes crises connues depuis 2020. Ces aides prennent différentes formes :

    • La distribution de colis alimentaires contenant des denrées essentielles
    • Les restaurants sociaux qui proposent un repas chaud aux personnes en difficulté
    • Les épiceries sociales où les bénéficiaires peuvent acheter des produits alimentaires à des prix réduits
    • Les frigos solidaires pour permettre aux particuliers de partager des aliments frais et non périssables

Ces initiatives, qui se dénombrent par centaines sur le territoire belge, manquent cruellement de moyens financiers et il est forcé de constater que la qualité de l’alimentation fournie par ces services d’aide alimentaire ne peut pas toujours être assurée.

Un droit essentiel

Pourtant, l’accessibilité alimentaire est essentielle. Il s’agit de la capacité des individus à obtenir des aliments de qualitésuffisamment nutritifs pour répondre à leurs besoins alimentaires. Dans une interview auprès de GoodFood.brussels, Laurence Van Malder, chargée de projet chez Groupe One et coordinatrice du projet V.R.A.C. (Vers un Réseau d’Achat et Commun) souligne que :

 « C’est tout simplement un droit humain. Quoi de plus nécessaire que manger ? C’est synonyme de partage, de nourriture bien sûr, mais aussi de bons moments. (…) Avoir accès à des produits de qualité est un pas vers une vie humainement plus appréciable et plus digne. »

2ème constat : l’alimentation durable est peu accessible

Et d’abord, qu’entend-t-on par « alimentation durable » ?

Une alimentation durable intègre des critères de qualité tels que ceux proposés par le label Bio, que l’industrie agro-alimentaire n’intègre généralement pas :

    • la production de produits sains sans utiliser des produits phytosanitaires nocifs pour la santé des consommateur·rices et la biodiversité,
    • le respect du bien-être animal,
    • le respect de la vie des sols,
    • le respect de l’environnement et de la biodiversité,

Cependant, le concept d’alimentation durable est plus large que les directives du cahier des charges du label Bio. Pour qualifier une alimentation de durable, celle-ci doit également respecter les critères suivants :

    • une production non-transformée, issue des circuits-courts et de saison,
    • une rémunération juste des agriculteur·ices,
    • des conditions de travail éthiques et correctes pour les travailleur·euses,
    • la viabilité des petits acteurs locaux.

agriculture bio label bio

L’alimentation durable est peu accessible car méconnue

Selon Hervé Léonard, expert en alimentation durable et responsable de projets de recherche et innovation chez Groupe One, il est primordial de rétablir une image positive du label bio et de l’alimentation durable en général :

« Les médias ont plutôt cassé l’image du bio notamment en diffusant des reportages sur certaines dérives, qui généralement des cas isolés. »

Il est donc important de diffuser à grande échelle une information plus objective auprès de la population, toute classe sociale confondue, afin de sensibiliser de façon régulière aux vrais coûts de l’alimentation. En règle générale, le public est mal informé et ne peut pas prendre la mesure des plus-values de consommer durablement. C’est la porte ouverte aux idées reçues et aux amalgames :

« Aujourd’hui, certaines personnes pensent même qu’il n’est plus possible de produire du bio parce que l’air est pollué. Ou encore, il y a confusion et assimilation de l’étiquette politique écolo au label bio. Ceci est dû à la méconnaissance de ce qu’est réellement le bio. »

L’alimentation durable est peu accessible car chère, vraiment ?

Mais qu’entend-t-on par « chère » ? Alors qu’en 1960, les ménages consacraient en moyenne 30% de leur budget à l’alimentation, aujourd’hui ce budget n’est plus que de 13%. Cette diminution provient, d’une part, du fait que le volume de la consommation d’alimentation a moins augmenté que la consommation des autres catégories de biens et de services, comme le logement ou la santé. Mais on constate, d’autre part, que la part de budget consacré à des besoins secondaires comme la télécommunication ou les loisirs a également augmenté, laissant peu de marge pour le choix d’une alimentation de qualité.

Par ailleurs, la notion de coût de l’alimentation doit être vue de manière plus large, et notamment englober l’éthique, les effets sur la santé, l’environnement et sur le bien-être sociétal. Le système agro-alimentaire conventionnel a des coûts cachés importants : en réalité, les consommateur·trices voient leurs dépenses de santé augmenter (et par conséquent leurs impôts aussi), les producteur·trices sont rémunéré·es injustement et les générations futures héritent d’une dette écologique catastrophique. C’est en tenant compte de ces aspects que l’on peut évaluer le vrai coût de l’alimentation.

Pourquoi l’accessibilité alimentaire représente-t-elle un enjeu majeur de notre société ?

D’après Hervé Léonard, « nos sociétés humaines s’apprêtent à vivre des changements inédits. Pour s’adapter à ces changements, il est impératif de faire transiter nos systèmes alimentaires vers des modèles durables et résilients. C’est l’une des missions que nous poursuivons depuis plusieurs années chez Groupe One ».

Nous avons pu constater lors des dernières crises majeures (la crise COVID et ensuite la crise énergétique, la crise agricole) le retour d’une certaine précarité. Les réactions tant des pouvoirs publics que des consommateurs convergent : les enjeux environnementaux sont évacués des préoccupations au profit d’une réduction des coûts. Le secteur alimentaire durable s’est vu tourné le dos au profit d’une alimentation low-cost.

Les changements en cours et à venir ramènent donc la sécurité alimentaire au centre des préoccupations, avec de surcroît une contrainte environnementale forte vu l’impact du système alimentaire sur la biodiversité et sur les émissions de carbones. A court terme, ces enjeux sont en opposition. Toutefois, à long terme, il se pourrait qu’il ne puisse y avoir d’accessibilité alimentaire pour tous qu’à condition d’avoir un système alimentaire résilient, capable de s’adapter aux différentes crises, un système qui est davantage ancré dans la production locale, moins dépendant des importations et des énergies fossiles.

IL nous paraît donc important de promouvoir des initiatives qui tentent d’allier les deux préoccupations : l’accessibilité et la durabilité de l’alimentation.

L’émergence de réponses pour la sécurité alimentaire

VRAC association bruxelles

Les pouvoirs publics ont un rôle clé pour adresser ces défis. C’est notamment grâce à ce soutien que projets comme V.R.A.C. (Vers un Réseau d’Achat en Commun) ont pu voir le jour. Le principe de cette association, née en France en 2013, repose sur l’achat groupé appliqué aux aliments de qualité, tels que définis plus haut, permettant ainsi d’obtenir des prix plus avantageux. En visant prioritairement les consommateur·trices précarisé·es, V.R.A.C. lutte contre la précarité des deux côtés du système alimentaire : rendre les produits de qualité plus accessibles, tout en assurant un revenu juste pour les producteur·trices.

En 2022, les équipes de Groupe One ont combiné leur expertise et leur compétences entrepreneuriales pour développer le réseau V.R.A.C. à Bruxelles. Désormais bien implantée, Groupe One œuvre à autonomiser cette jeune asbl bruxelloise et étend le projet en créant une nouvelle asbl V.R.A.C. à Charleroi en Wallonie.

Quelles seraient les pistes d’action pour que tout le monde ait accès à une alimentation de qualité ?

Pour répondre à cette question, il est important de se rappeler qu’il s’agit de tout un système à déconstruire pour pouvoir arriver à une nouvelle façon de produire et de consommer. Voici quelques pistes d’action vers le changement :

    • Arrêter de soutenir les modèles qui ne sont pas durables,
    • Sanctionner les pratiques nocives pour la santé, l’environnement et les conditions de travail indignes,
    • Valoriser les modèles durables et les rémunérer pour leur exemplarité,
    • Informer et sensibiliser le public sur l’alimentation durable et bio, et ce de manière régulière,
    • Favoriser le circuit-court et relocaliser nos systèmes alimentaires, ce qui permet à la fois de consommer mieux mais aussi de faire face aux crises mondiales,
    • Agir sur la restauration collective et proposer gratuitement les repas dans les écoles.

Concernant ce dernier point, des actions sont mises en place dans plusieurs écoles en Wallonie grâce au Collectif des Cantines Durables dont Groupe One fait partie.

Aussi pour diminuer la précarité alimentaire au profit de l’accessibilité alimentaire, il est important de :

    • S’attaquer à l’aide alimentaire classique et au manque de moyen des organisations qui sont contraintes actuellement de se diriger vers des produits industriels à bas prix,
    • Laisser à ce public l’opportunité de choisir comment consommer en augmentant ses moyens financiers (le revenu minimum, par exemple).

Forte heureusement, un collectif d’association, le CréaSSA, créé en 2021 à l’initiative de FIAN, se réunissent de façon informelle pour penser, questionner, construire et porter un projet de sécurité sociale de l’alimentation en Belgique. Si de nombreux freins semblaient présents auprès des pouvoirs publics, ceux-ci ont, à force de discussions, montré un intérêt sur la question. Le sujet avance donc dans la sphère politique, cependant au vu des derniers résultats électoraux, nous espérons que les nouvelles formations politiques prendront aussi conscience de l’importance de l’accessibilité à l’alimentation durable dans les politiques futures.

Affaire à suivre…

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Ouvrir une boutique de fleurs fraiches et de saison au cœur de Saint-Gilles, c’est chez Maurice !

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Pour Juliette et Ophélie, c’est en grande partie le hasard qui les a réunies pour s’associer et créer ensemble “Maurice”, un commerce de fleurs fraiches, locales et de saisons qui tient son nom de la mascotte à 4 pattes qui vous y accueille ;) Plongez dans l’histoire de ces deux entrepreneures ! 

Maurice, le compagnon à 4 pattes de la boutique.Pouvez-vous nous expliquer brièvement votre parcours jusqu’à l’idée d’entreprendre 

Juliette : Certain·es risquent d’être étonné·es par notre parcours respectif parce que Ophélie et moi avons un parcours totalement contraire.  

Ophélie : Avant de rencontrer Juliette, j’ai fait des études d’économie appliquée à l’ULB que j’ai suivies jusqu’en 2023 et juste après j’ai accepté un CDI dans le département IT d’une agence immobilière. C’est à la rencontre de Juliette que mon envie d’entreprendre dans un milieu plus engagé a pris le dessus. 

Juliette : De mon côté, j’ai fait des études d’histoire de l’art et au fur et à mesure je me suis découvert une passion pour les fleurs. J’ai suivi une formation de 3 ans en alternance chez différents fleuristes. Au fil de ces expériences, le projet “Maurice” s’est peu à peu dessiné dans mon esprit.  

Notre rencontre avec Ophélie s’est faite par pur hasard lorsque j’ai rejoint son agence immobilière pour un petit job à coté de mon alternance. Ça a tellement matché que je lui ai tout de suite présenté le projet “Maurice”.  

Ophélie : Dès qu’elle me l’a présenté, j’ai tout de suite cru en ses valeurs et en son avenir, et nous voilà aujourd’hui collaboratrices !  

Avez-vous rencontré des freins à l’idée d’entreprendre  

Ophélie : L’un des points qui freine la plupart des entrepreneur·es, c’est l’inconnu, le fait de sortir totalement de sa zone de confort, d’oser se lancer dans quelque chose de nouveau et de ne pas savoir à quoi s’attendre. Le fait de passer d’un CDI à un terrain professionnel nouveau, ça fait peur, mais c’est attirant d’un autre côté !  

Juliette : Ça rejoint un autre frein qui est financier, même si lancer une entreprise à Bruxelles est relativement facile, il faut vraiment bien s’informer sur les démarches, les fonds à avoir et les possibilités d’accompagnement ! Lancer un projet est un investissement assez conséquent qui nécessite une grande réflexion et un accompagnement derrière ! 

Ophélie et Juliette : Les doutes personnels sont aussi des gros freins, notamment sur les capacités individuelles à savoir ou non gérer une entreprise. On ne naît pas avec des connaissances en comptabilité ou en management, mais c’est au fur et à mesure, en s’entourant bien, qu’on en apprend beaucoup et qu’on se forme !   

En parlant de s’entourer, de quel type d’accompagnement avez-vous bénéficié ? 

Juliette : Au début on ne savait pas vraiment où nous orienter pour trouver un bon accompagnement. C’est pour ça qu’on a assisté à plusieurs séances d’informations mais aucunes ne semblaient correspondre à nos besoins.  

Finalement, c’est en échangeant avec une connaissance que nous avons trouvé les accompagnements qui étaient proposés par Groupe One au Village Partenaire. Notre coach, Christophe Grasser, nous a apporté une énorme aide pour remettre en ordre nos idées et tous nos documents. Il a bien pris le temps de comprendre notre projet et nos besoins financiers. Nous avions déjà un business plan semi-écrit et rempli de chiffres, il a vraiment su mettre de l’ordre dans nos idées ! C’était un coaching très complet et très pro. 

Ophélie : Il a aussi été d’une grande aide pour l’aspect financier de notre projet, en nous conseillant sur les meilleures options de financement et en nous aidant à comprendre les primes disponibles. On a donc postulé pour la prime Village Finance qui nous a été accordée grâce à ses conseils judicieux !  

Juliette : Ce que je retiens, ce sont vraiment les mots rassurants de Christophe : en nous encourageant toujours un peu plus, nos doutes et nos craintes ne prenaient plus le dessus dans notre parcours entrepreneurial  

Maintenant que votre entreprise est lancée, quels sont les avantages et challenges de travailler en tant qu’indépendantes 

Ophélie et Juliette : Depuis l’ouverture fin janvier, nous ne cessons tous les jours d’en apprendre un peu plus sur la notion d’indépendance. Ayant été habituées auparavant à avoir une direction au-dessus de nous, la gestion tant bien administrative que financière ne nous concernait pas. On travaillait pour recevoir notre salaire et point. Maintenant, on a cet avantage de pouvoir façonner notre entreprise en fonction de nos désirs.  

On a aussi l’avantage d’avoir été très bien accueillies dans notre quartier. Dès qu’on a ouvert nos portes à Saint-Gilles, on a remarqué qu’il y avait un réel besoin en matière de fleurs. On commence à avoir des clients fidèles, ce qui nous rassure sur notre choix, et c’est très gratifiant de voir des clients revenir chaque semaine, ou nous conseiller à leurs proches ! Ça témoigne bien de la qualité de notre service et de nos produits !  

Juliette : Maintenant, tout n’est pas rose. Et c’est le cas de la dire !  

Le plus gros challenge est lié à l’approvisionnement des fleurs chez nos fournisseurs. Chez nous, nous mettons à disposition des fleurs de saison de producteurs belges et durables. Mais hors saison, ça se corse ! Maurice s’engage à rester transparent et privilégie les produits locaux. Les fleurs sont donc européennes avec une majorité d’origine française et italienne.  

Créations de la boutique.Ophélie : Nous devons jongler entre différents fournisseurs et apprendre à choisir les meilleures options en termes de qualité, d’impact environnemental et de transparence. C’est un processus complexe qui demande de la vigilance. 

Quelle est la devise qui définit votre état d’esprit d’entrepreneures ? 

Juliette : Ouh la question compliquée…  

On boit beaucoup de café, il nous a accompagné du début jusqu’à maintenant donc dans un sens plus métaphorique, on pourrait dire que notre état d’esprit d’entrepreneures est comme un bon café : fort, intense, riches en saveurs et énergies. Ça représente bien notre manière de travailler et notre détermination qui se renforce avec le temps.  

Le tout avec une bonne playlist en fond de boutique 😉  

Où en est votre commerce aujourd’hui ?  

Ophélie et Juliette : Notre boutique a vraiment bien avancé depuis son ouverture. Nous commençons à recevoir plusieurs demandes pour des événements tels que des mariages. C’est très encourageant pour nous car ça nous permet de sécuriser nos finances avec des montants plus importants. C’est aussi très important pour nous d’apporter une pierre à l’édifice d’un jour aussi important pour un couple !  

En ce qui concerne nos objectifs, nous travaillons actuellement sur la formation d’Ophélie sur la connaissance florale, ce qui représente une étape importante pour nous.  

Nous n’avons pas nécessairement fixé d’objectifs chiffrés pour le moment, mais nous sommes conscientes de l’importance de rentabiliser notre entreprise. Notre objectif principal est de faire en sorte que notre boutique actuelle fonctionne de manière optimale et maintienne la qualité de service que nous offrons à nos clients. Nous avons également des projets d’aménagement pour notre atelier et notre stock. 

Affaire à suivre, on ne va pas tout dévoiler dans cette interview haha. 

Un petit conseil à donner aux futur·es entrepreneur·es ou aux personnes qui hésitent encore à se lancer ? 

Juliette : Un conseil essentiel qu’on doit toujours garder en tête, c’est d’être toujours déterminé·e, même si vous allez rencontrer des moments plus durs que d’autres. Ne jamais baisser les bras. Toujours croire en votre réussite, être rigoureux·se, ouvert·es aux conseils et jugements, et garder votre objectif final en tête !  

Ophélie : Si vous avez peur de vous lancer tout·e seul·e, lancez-vous à deux. C’est rassurant de se dire qu’on à une épaule sur laquelle s’appuyer. Si vous avez un doute, ne vous lancez pas directement, continuez toujours à creuser jusqu’à trouver le trésor et l’exposer aux yeux de tous avec fierté !  

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Immersion dans un tiers-lieu nourricier : Bienvenue chez Agricœur !

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Œuvrer pour une alimentation saine, locale et autonome, renforcer le lien entre les acteur·trices de l’alimentation et les citoyen·nes sur leur territoire, c’est la raison d’être des tiers-lieux ! Immersion chez Agricœur, situé dans le village de Frasnes-Lez-Gosselies.

Depuis quelques temps, nous voyons émerger des espaces ouverts à toutes et tous qui réinventent notre manière de vivre en société. Pouvant prendre différentes formes, ces espaces ont pour objectif commun de régénérer les territoires, relocaliser l’économie et créer du lien social.

La volonté d’Agricoeur, c’est de contribuer à la relocalisation alimentaire et à la souveraineté alimentaire en favorisant le rapprochement entre les acteurs·trices de l’alimentation durable et les citoyen·nes consommateus·trices. Eveline Lambertz, gestionnaire de projet chez Groupe One, en charge du développement d’Agricoeur, nous dit tout sur ce nouveau lieu plein de promesses.

Eveline Lambertz, chargée de projets de filières alimentaires durables chez Groupe One

Eveline Lambertz, chargée de projets de filières alimentaires durables chez Groupe One

Comment est né ce projet de tiers-lieu ?

Eveline : L’idée du projet d’un tiers-lieu sur la commune des Bons Villers a émergé au sein du Groupement d’Action Locale du Pays des 4 Bras. Celui-ci a rassemblé une poignée de partenaires du secteur de l’alimentation durable pour construire ensemble un espace communautaire nourricier d’envergure et répondre ainsi au manque d’infrastructures pour reconnecter les citoyen·nes des environs à leur assiette.

Quels sont les objectifs d’Agricoeur ?

Eveline : L’objectif principal d’Agricoeur est de fournir des ateliers de production et de transformation alimentaire, des espaces de stockage et de vente et des lieux de rencontre et de formation à prix avantageux. Mais ce n’est pas tout ! Différents services sont proposés : un espace-test pour débuter une activité de maraîchage, des conseils pour entrepreneur·es en herbe ou aguerri·es, des formations autour de l’alimentation locale durable, des évènements, du réseautage et même des consultations pédiatriques par l’Office Nationale de l’Enfance (ONE).

Quelle aura été la participation de Groupe One au sein de ce projet ?

Eveline : La création de tiers-lieu fait partie intégrante de notre mission de création de filières alimentaires durables. Nous pensons que ces lieux font sens pour un secteur fragile économiquement parlant. Nous voyons la mutualisation comme un levier pour les entreprises alimentaires à impact sociétal positif. Ça concerne tout un tas d’aspect de leur activité : les espaces, les charges, les achats, et peut-être dans un futur proche, les services comme la communication ou la comptabilité.

Dans le cadre plus particulier d’Agricoeur, nous sommes co-fondateur et membre du CA d’Agricoeur, et sur le terrain, nous intervenons dans la coordination journalière du lieu, la régulation entre les occupant·es du lieu, dans la communication, mais aussi en tant qu’animateur économique.

Notre objectif est que fin 2025, le modèle économique soit viable et que la structure fonctionne de manière autonome.

Rédactrice : Et ensuite ?

Eveline : Ensuite, Groupe One sortira progressivement du projet et on répliquera ce modèle dans de nouveaux tiers-lieux en Wallonie et à Bruxelles 😉 !

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Découvrez comment financer une transition écologique grâce à notre experte Sarah Deom. Elle vous expose les raisons d’opter pour un changement vers plus de durabilité et les différents financements mis à votre disposition en Belgique pour couvrir les investissements matériels et immatériels qui vous permettront d’y arriver !

Sara Deom, coach START et experte en financement des entreprises

Pourquoi amorcer une transition en tant qu’entrepreneur·e ?

Sarah : L’urgence climatique actuelle impacte de plus en plus le quotidien, c’est pourquoi les entrepreneure·s doivent réfléchir à orienter leurs business de façon plus durable. La clientèle, quant à elle, devient plus sensible à la durabilité en cherchant des nouveaux produits et services. C’est l’occasion parfaite pour les entrepreneur·es de se démarquer et de toucher plus de parts de marché !

Brisons la glace ! Est-ce que faire un business durable, ça coute plus cher ?

Sarah : Pour faire la transition de tout un business, il faut avoir en tête que cela va couter un peu plus de temps et d’argent, mais pas de panique ! En vous entourant d’expert·es et des bons outils comme Circular Canva, Eco Canva ou encore les grilles d’analyses circulaires de Village Finance, vous pourrez planifier, visualiser et financer en avance vos futurs investissements durables. Et cette transition peut même s’avérer rapidement rentable, comme le prouve le succès de certaines entreprises soutenues par Village Finance, telles que PinPin ou Papier Beurre !

Pour quel type d’investissements pourrait-on avoir besoin de financement ?

Sarah : Pour amorcer la transition de son activité, un·e entrepreneur·e pourrait effectuer deux sortes d’investissements :

      • Des investissements matériels, comme l’acquisition de nouvelles consignes, des contenants durables, du matériel de mobilité durable comme des vélos cargo, de nouvelles machines ou financer des travaux pour optimiser son espace de travail.
      • Des investissements immatériels, on y compte toute la communication autour de la transition, les formations et coachings comme le programme Explore pour aider les entrepreneur·es à durabiliser leur activité !

Les différentes aides et types de financement belges pour les investissements !

Sans plus attendre, faisons le point sur les différentes aides financières qui existent sur notre territoire.

Pour rappel, en Région de Bruxelles-Capitale, les aides financières seront accessibles à partir de 2030 uniquement aux entreprises ayant transité vers plus de durabilité, dans le cadre du plan Shifting Economy. Pour plus d’infos, consultez notre article sur la Shifting Economy et ses implications pour les entrepreneur·es.

Les prêts alternatifs

      • Le Prêt Proxi de Finance.brussels qui offre une aide financière pour les petites entreprises
      • Les crédit Impact de Crédal qui propose un financement axé sur l’impact social et environnemental des entreprises
      • Le prêt à taux 0% de Funds for Good Impact pour les entrepreneur·es à impact
      • Le Fonds de transition économique de Finance.brussels pour financer la réduction de l’empreinte carbone de votre entreprise

Mobilité douceLes primes

      • La bourse Village Finance – Mobilité d’une valeur de 5000€ pour développer votre mobilité durable
      • NEW ! La toute nouvelle bourse Village Finance – Entreprise durable du même montant qui récompense les entreprises à impact qui partage leur expérience avec d’autres entreprises sous forme de mentorat !
      • Les primes de la Région bruxelloises Rénolution pour soutenir les entreprises dans leurs initiatives de rénovation énergétique
      • Et leurs équivalents en Wallonie 

Les subsides

Les appels à projet

Plusieurs appels à projets sont lancés pour permettre aux porteur·euses de projet de soumettre des propositions innovantes et durables, ayant besoin d’un financement pour leur réalisation.

      • La Fondation Roi Baudoin qui soutient les projets sociaux, culturels et environnementaux
      • La Fondation 4Wings et son encouragement à l’innovation dans les domaines du développement durable, de l’éducation et de la solidarité internationale 

Le Crowdfunding

Le crowdfunding est une méthode de financement participatif où des investisseur·euses privé·es ou professionnel·es contribuent financièrement à un projet via des plateformes en lignes ! Plusieurs plateformes online proposent le crowdfunding, on peut citer notamment :

      • Ulule qui soutient une large gamme de projets créatifs, culturels et entrepreneuriaux 
      • Growfunding axé sur le financement de projets à impact social et local 
      • Miimosaqui se dédie davantage à la transition agricole et alimentaire 

Les levées de fonds

Plutôt destinées aux Scale Up, les levées de fonds consistent en une collecte de capitaux auprès d’investisseur·euses. Il en existe plusieurs types :

      • Le Crowdlending qui consiste en un prêt participatif avec réduction fiscale qui facilite la transition écologique et le développement durable via par exemple la plateforme Ecco Nova
      • Le Crowdequity qui permet d’acheter des parts de capital d’un business via notamment la plateforme Lita.co 
      • Les financements à destination des coopératives pour les aider dans leur développement, à partir d’un simple prêt à la prise de participation en capital par exemple avec Coop Us via Finance.brussels

Les aides immatérielles subsidiées 

Plusieurs programmes d’accompagnement et de formations financées par les pouvoirs publics émergent dans le but de soutenir la transition. Il en existe plusieurs tant dans le paysage bruxellois que wallon. Chez Groupe One, nous avons développé le programme Explore, un coaching sur mesure pour les entreprneur·es qui veulent rendre leur entreprise plus durable.

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Le Plan Airbag pour financer mon projet d’entreprise

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Double bonne nouvelle : un, il existe un incitant financier pour les nouveaux et nouvelles indépendant·e·s en Wallonie, et deux, on répond à toutes vos questions dans cet article.

Créer sa première entreprise n’est pas une mince affaire. Parmi les nombreux défis, celui d’avoir assez de moyens financiers pour créer son business et en vivre occupe une belle place en haut de la liste.  Les candidat·e·s entrepreneur·e·s en Wallonie ne sont pas toujours au courant des aides existantes au moment de se lancer.  

Le Plan Airbag sécurise vos débuts en tant que travailleur·euse indépendant·e !

Imaginez un coussin d’air rassurant pour amortir votre transition vers le statut d’indépendant à titre principal. C’est l’ambition du Plan Airbag en Wallonie : une prime de 12 500 €, versée en quatre tranches dégressives sur deux ans, pour faciliter le lancement de votre activité indépendante.
L’avantage est de pouvoir utiliser ce financement à toute fin utile : investissement, revenu de remplacement, … sans fournir de justification. Cependant, vous devrez vous-même faire la demande de chaque tranche auprès de l’administration, même lorsque votre dossier a été accepté.

Puis-je bénéficier de la bourse Airbag ?

Le Plan Airbag s’adresse à vous si vous répondez à l’une de ces conditions :

  • Vous êtes déjà indépendant·e à titre complémentaire depuis au moins 3 ans
  • Vous souhaitez vous installer pour la première ou la deuxième fois en tant qu’indépendant·e à titre principal et:
    • vous avez suivi une formation spécifique (ex. via l’IFAPME) en gestion ou chef d’entreprise ou
    • vous avez fait appel aux services proposés par l’une des 12 structures d’accompagnement à l’autocréation d’emploi (SAACE) wallonnes pour vous guider jusqu’au lancement de votre business ou
    • si vous avez un accès à la gestion ou un diplôme en économie, si vous avez plus de 50 ans et des années d’expérience dans votre secteur d’activité, nous vous conseillons d’appeler la cellule AIRBAG du FOREM pour vérifier dans quelles conditions vous pouvez bénéficier de la subvention et quels sont les documents à fournir.

En règle générale, les conditions pour bénéficier du plan Airbag sont :

  • Se domicilier en tant qu’indépendant·e ou avoir son siège social en Wallonie
  • S’engager à ne plus bénéficier d’autres revenus (de type professionnel, chômage ou aides sociales)
  • Ne pas avoir de numéro d’entreprise depuis plus de 30 jours

Comment faire ?

La demande de subvention se fait en ligne uniquement, sur le site du FOREM (comme on est sympas, on vous met le lien en bas de cet article 😉 ).

Si vous êtes accompagné·e par une SAACE, vous devrez joindre des documents attestant de votre accompagnement. Vous les obtiendrez en fin d’accompagnement après avoir présenté votre projet devant un comité d’avis, en toute bienveillance.

Notre conseil : veillez à faire la demande de subvention en avance, les délais de traitement avant la décision d’octroi prenant plusieurs mois.

Le comité d’avis de la SAACE peut-il refuser mon dossier ?

En fin d’accompagnement vous présentez votre projet devant différents expert·es de l’entrepreneuriat : coachs en création d’entreprise, comptables, représentant·es d’Agence de développement locale, collaborateur·trice FOREM, IFAPME, …

Ils et elles émettront un avis « positif », « négatif » ou « positif sous réserve ». Quel que soit l’avis final, vous avez le droit d’introduire votre dossier auprès du FOREM.

L’avantage du comité d’avis est d’obtenir des recommandations d’expert·e·s qui peuvent vous être bien utiles pour pousser encore plus loin la réflexion avant de créer votre business en tant qu’indépendant·e !

Comment être accompagné par une SAACE ?

Prenez contact avec une structure d’accompagnement wallonne pour être coaché·e  et formé·e sur les aspects incontournables de la création d’une entreprise !

Ces structures organisent des séances d’information gratuites pour expliquer leur fonctionnement. En intégrant CREO, notre service d’accompagnement à la création d’entreprises en Wallonie agréé SAACE, nous vous informons également sur les premières étapes à réaliser pour devenir indépendant·e, les différentes possibilités pour tester votre projet et les différentes pistes pour obtenir un financement.

Nous accompagnons régulièrement les entrepreneur·es jusqu’à leur demande de subvention AIRBAG, avec 97% de dossiers acceptés !

 

Les ressources utiles :

Cette bourse pourrait vous être utile pour réaliser votre projet ? Visitez le site de notre programme d’accompagnement agréé SAACE 

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Bonjour à toutes, parlez-nous un peu de vous et de votre projet entrepreneurial

Estelle : Je suis une femme de 30 ans.  Je ne pourrais pas me présenter sans dire que je suis maman de 2 petits garçons. Je suis passionnée d’image depuis toujours. J’ai étudié la photo et, à 21 ans, je me suis lancée en tant qu’indépendante dans la photographie.

Virginie : Moi j’ai 38 ans, je suis maman, et j’ai co-fondé Mieu Concept Store avec mon mari. On vend du mobilier, de la déco et des objets du quotidien fabriqués exclusivement en Europe. Notre objectif c’est de rendre les intérieurs aussi confortables que responsables.

Marie : Et bien moi, je suis maman solo. J’ai travaillé 6 ans dans l’import-export (j’ai détesté !), et puis j’ai eu une grosse crise d’éco-anxiété pendant que j’étais enceinte de mon fils. Je me suis rendu compte que l’avenir n’était pas très heureux pour leur génération et qu’il fallait agir. Donc j’ai quitté mon boulot et j’ai décidé de lancer L’Empoteuse, qui a pour objectif d’offrir une solution structurelle pour les emballages alimentaires. Je fournis des contenants alimentaires réutilisables et consignés aux commerces alimentaires.

Comment s’est passée votre phase de lancement ?

Virginie : A l’époque j’étais juriste au tribunal. J’ai démissionné pour lancer Mieu avec mon mari. Je me suis tout de suite inscrite à la Banque Carrefour des Entreprises. On a d’abord lancé l’e-shop, puis on a fonctionné avec des pop-up stores. Ce qui a vraiment lancé le business, c’est notre participation à l’Auberge Espagnole, un programme de Hub qui permet de tester son magasin à moindre coût et à moindre risque. On a ouvert notre propre boutique suite à ce test. Mon mari a cherché un autre boulot à côté et moi je me suis investie full time dans le projet.

Estelle : Moi j’étais encore aux études quand j’ai créé mon entreprise. Je n’avais pas encore beaucoup de responsabilités à assumer même si c’est toujours un risque de se lancer dans le milieu artistique. Mes parents étaient derrière moi et me poussaient à faire les choses à fond. Ils m’ont transmis ce mindset-là et ça a fonctionné ! Tout s’est un peu accéléré après mes premières expos et j’ai pu ensuite investir de l’argent dans mon projet.

J’ai été très tôt sur les réseaux car j’ai vite compris que c’était important pour me faire grandir. Les réseaux, c’est ma prospection. J’y ai mélangé un peu de ma vie privée, c’était un risque mais je pense que l’humanisation d’un projet est importante.

Marie : Pour ma part j’ai démarré à mi-temps en tant qu’indépendante – l’autre partie du temps j’étais salariée pour une entrepreneuse qui fabriquait des couches lavables – et j’ai lancé L’Empoteuse en plein covid ! Donc j’ai très vite eu des clients Horeca qui cherchaient des solutions pour livrer leurs menus de manière responsable. C’était pas évident de répondre à la demande, d’autant plus que les banques ont refusé de m’octroyer un crédit pendant toute ma première année. J’ai donc dû m’organiser avec les 300€ que j’avais en poche.

Par la suite, les différentes crises ont malheureusement eu raison de beaucoup de mes clients Horeca, et pourtant mon projet s’est maintenu. Il a évolué et j’ai désormais des demandes de plus grande envergure et des partenariats plus solides, notamment avec les communes bruxelloises.

Marie Jemine de l’Empoteuse

Quels challenges avez-vous rencontré dans votre parcours de femme entrepreneure ?

Marie : Il y en a eu plusieurs. D’abord, trouver des financements pour démarrer mon projet. Je constate qu’en tant que femme, c’est plus compliqué d’obtenir la confiance des banques. Du coup je me suis débrouillée ! J’ai utilisé les chèques-entreprises en Wallonie pour financer la création de ma communication, pour obtenir des conseils comptables, par exemple.

Ca a aussi été difficile de garder la tête hors de l’eau quand beaucoup de clients fermaient leurs portes. Je suis venue chez Groupe One a ce moment-là pour demander l’avis d’une coach. Elle m’a suggéré de faire de la consultance pour stabiliser mon revenu. C’est comme ça que j’ai atterri dans des projets plus importants avec les pouvoirs publiques.

Virginie : Pour ma part, je vois le fait d’être une femme comme une force. J’ai le sentiment que les entreprises portées par des femmes ont plus de sens et de valeurs au regard de la société. Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas d’hommes qui portent de tels projets mais toutes les entrepreneuses que j’ai rencontrées ont toujours de belles valeurs et un projet à impact positif.

En revanche, pour la naissance de mon deuxième enfant qui est arrivée pendant la période de lancement, je n’ai pas vraiment eu de congé maternité et avec du recul, je l’ai assez mal vécu. Pour mon troisième, j’ai engagé notre première employée pour pouvoir me consacrer à mon bébé. Et j’avoue ne pas comprendre pourquoi, à l’heure actuelle, il y a encore une différence entre les salariées et les indépendantes sur cet aspect-là. On a besoin du même temps pour accueillir un enfant, peu importe son statut professionnel.

Estelle : Pour moi aussi la maternité constitue le plus gros challenge. J’avais 25 ans quand je suis devenue maman et je me suis arrêtée de travailler pendant 3, 4 mois au risque de me faire « oublier ». Aussi, quand un enfant est malade par exemple, il faut déplacer les rendez-vous.

Ça m’amène à un autre challenge : c’est compliqué d’être absente ou malade soi-même, parce dans mon cas, je ne peux pas me faire remplacer par quelqu’un d’autre.

Un point qui me travaille aussi souvent c’est d’être créative tout le temps, je dois toujours me nourrir pour rester créative. Maintenant que je sais ce qui me nourrit et ce qui me vide, et je pense que chaque entrepreneur doit faire cette introspection. Ce qui me stimule, c’est la rencontre avec les gens et c’est aussi ce qui m’amène à être mentor dans le programme WomenLab !

Virginie Hubain de Mieu Concept Store

Parlons des avantages ! Devenir indépendante, ça vous a apporté quoi ?

Estelle : Un gros avantage, c’est de pouvoir décider soi-même de ses horaires.

Marie : Je confirme ! Et aussi pouvoir bosser de chez soi. Ou encore, quand j’ai des clients pénibles, je peux décider de les envoyer valser 😉 Je peux aussi laisser de la place à mon développement personnel, prendre le temps de prendre soin de moi pendant les phases plus compliquées, sans avoir la pression des supérieurs ou collègues.

Estelle : C’est pareil. J’ai fait un travail d’introspection et ça a été un élément important et très bénéfique pour m’aider à avancer.

Virginie : Pour ma part, je dirais la liberté que ça apporte. Même si avec un commerce on est lié aux horaires du magasin. C’est aussi pour ça que j’ai embauché. Je dirais aussi la fierté d’avoir créé des emplois et d’avoir créé une équipe qui marche.

Quels seraient vos conseils pour une femme qui veut se lancer ?

Virginie : D’abord, bien se connaître et savoir ce qu’on veut pour soi. Pour ma part, j’ai accepté le fait que j’allais avancer moins vite dans mon projet parce que j’ai décidé de laisser de la place à ma vie de famille. C’est important de garder une vie à côté et de prendre du recul.

Estelle : Déjà, je pense que quand ton boulot te plaît et te nourrit, tu n’as jamais l’impression d’aller travailler. Il y a toujours des situations qui peuvent te vider, des clients ou un contexte compliqué, mais ça fait partie du taf, tout comme la compta !

Sinon, je pense qu’en tant qu’entrepreneure, c’est super important d’être bien entourée.

Marie : Oui, c’est important que l’entourage soit partant pour nous soutenir. L’entrepreneuriat ce n’est pas fait pour tout le monde donc c’est important d’être soutenue. Il faut aussi accepter de recevoir de l’aide. Se faire coacher pour lever ses freins, challenger son idée, et qu’il y a un marché pour son business, et éventuellement réajuster son projet.

C’est aussi hyper important de se connecter à des réseaux. Moi je fais partie des Mum-preneures et ça apporte beaucoup. Notamment, elles poussent à ce que les femmes arrivent à se rémunérer avec leur activité.

Virginie : Tout à fait. Groupe One, Hub, Réseau Entreprendre, ou Hors Normes, … Il y a plein de réseaux différents qui apportent des choses différentes.

Je dirais aussi réfléchir son projet, mais pas trop 😉 Ce ne sera jamais nickel, donc il faut se lancer. Au pire on se plante et on rebondit. Il faut aussi se montrer volontaire et tenace. Garder son objectif en tête et accepter de dévier pour l’atteindre. Avoir conscience que ce sera dur, mais que ça en vaudra la peine !

 

Ces témoignages font écho en vous ? Vous avez également envie d’oser vous lancer ? 

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